

témoignages de
participants du nano
par Ade & Lyra C.
Oyez oyez, cher lecteur du webzine. Nous avons toute ton attention ? Parfait. Si tu as décidé de te rendre sur cet article, c’est que tu n’ignores probablement plus rien de ce qu’est le NaNoWriMo. Tu as lu tous les articles avec concentration, même celui qui t’expliquait pourquoi faire le NaNo. Mais tu n’es toujours pas entièrement convaincu. Tu hésites. Non, ne le nie pas, nous le savons. C’est pourquoi nous avons décidé de communiquer avec ceux qui y ont déjà participé et de recenser ici leurs témoignages, pour que tu comprennes pourquoi c’est une expérience si géniale. Ainsi, tu verras que cela n’a rien d’insurmontable. Non, ne pars pas, ça va commencer…
AVANT LE NANO
Mis à part Kallisto, la plupart des personnes ayant répondu au sondage ne se rappellent plus exactement comment elles ont entendu parler du NaNo pour la première fois, ou alors en ont fait la découverte par Génération Écriture (bon, en même temps c’est un peu sur leur forum que nous sommes allées récupérer ces témoignages, mais chut).
Certains ont été immédiatement été séduits par l’idée. D’autres, comme Mio, ont bien aimé le principe mais se sont dit que ce n’était pas pour eux : « Je me vois comme une auteur très lente et un peu minutieuse, et j'étais certaine de ne pas pouvoir écrire en sprint comme ça, de bloquer ou de sortir des trucs mais très insatisfaisants. » Une troisième partie n’a pas du tout été intéressée par le NaNo en premier lieu. Matt, par exemple, déclare : « Au début j'étais effrayée, parce que ça me semblait être un truc de masochiste, insurmontable, et je ne voyais pas trop l'intérêt. Je me disais qu'écrire pour écrire le plus possible, ça n'avait pas trop de sens. »
Mais alors, qu’est-ce qui les a finalement poussés à participer au NaNo ? Les raisons sont diverses. Certains se sont tout simplement dit « pourquoi pas » et ont pris cette décision sur un coup de tête. Pour Loreleï, c’était un défi à relever : « Cela m'a donné envie de m'y mettre, moi aussi, de me prouver que j'en étais capable. L'idée de passer l'écriture au premier plan durant un mois m'a follement tentée. » Pour Mio, c’est après avoir participé à un write-in que l’envie lui est venue. Frustrée par sa lenteur à avancer dans son histoire, elle s’est dit que participer à ce challenge n’était pas une mauvaise idée.
Quant à ce qui est de l’histoire choisie pour ce fameux mois de novembre, nous trouvons de tout. Des romans de tous genres, des nouvelles… et même un travail de rédaction professionnel !
Certains choisissent le récit le plus important pour eux, contrairement à Ielenna qui préfère opter pour quelque chose de moins "sérieux" à ses yeux : sa fanfiction. Elle a participé à plusieurs NaNoWriMo, qui ont chacun été centrés sur cette dernière. « Elle a un style qui se prête à la rapidité d'écriture, car je ne me prends pas la tête en écrivant. » Il est également possible de choisir la même histoire deux années d’affilés, si on ne l’a pas bouclée. D’après LorianO et Matt, commencer une nouvelle fiction dans ces conditions n’est cependant pas une bonne idée « continuer, oui, des nouvelles, oui, mais commencer un roman... Nope, ça marche pas » « Par contre effectivement je ne sais pas si je commencerai une histoire avec le NaNo... À voir. »
Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas essayer ! Mio va tenter cette expérience pour novembre 2016 : « Cette année, j'attaque un truc tout nouveau : pour la première fois depuis que j'ai commencé, je vais le faire avec une nouvelle histoire... On va voir ce que ça donne et si j'en ressors aussi enthousiaste. C'est quand même une toute autre paire de manches qu'écrire un projet déjà en cours. Quand on est pris par le temps, ce qui est le cas pendant le NaNo, on ne maîtrise pas totalement ce qu'on écrit ni comment on l'écrit. Du coup je ne sais pas ce que ça va donner avec une histoire et des persos qui ne me sont pas encore bien familiers. Pour cette fois, moi qui ne suis pas trop une planificatrice à la base, j'essaie de bien planifier cette histoire-là. »
La préparation justement, parlons-en !
Faut-il faire un plan ? Peut-on se lancer dans le NaNo sans savoir où l’on va ? Les personnes ayant répondu au sondage fonctionnent pour la plupart de la même façon qu’elles écrivent habituellement. LorianO déclare : « J'ai les grandes lignes, des idées de ce que je veux et où je vais, mais il me reste beaucoup de zones d'ombres à remplir (ce qui ne change pas de mon écriture hors NaNo, en fait). » Les plans sont bien évidemment des avantages, mais ils ne sont pas donnés à tout le monde. « Je me suis rendue compte qu'un plan détaillé, ça pouvait être chouette, de même que des détails sur les personnages et autre... », dit Kallisto. Cependant, comme nous l’apprend Loreleï, il convient tout de même de connaître les grandes lignes de l’histoire, sans quoi nous pourrions avoir des difficultés à démarrer et à rentrer dans l’histoire. Voici par exemple la méthode de préparation de Ielenna, qui est à mi-chemin entre la planification et la non-planification : « je prépare à l'avance un petit plan par chapitres. Chaque chapitre = trois grosses idées principales. Après, il m'arrive d'improviser complètement ! » Donc si tu as toujours écrit sans plan, ne te prends pas la tête et n’essaye d’en faire un juste avant le NaNo : fais comme tu en as l’habitude.
Ne te mets pas la pression avant même que le NaNo n'ait réellement commencé. Le plus important, ce n’est de toute façon pas d’écrire 50 000 mots, mais d’avancer le plus possible dans son histoire. D’après Mio, il faut se forcer à écrire un peu en octobre, sans quoi c’est plutôt dur de se mettre dans le bain : « En général, en octobre je ne fais aucun effort pour écrire. Je me dis toujours qu'il vaut mieux attendre et pas me retrouver à court d'idées ou de motivation pour le 1er novembre haha. L'année dernière, j'ai pourtant constaté que ce n'était peut-être pas une si bonne idée. Cette année, je pense donc essayer d'écrire régulièrement en octobre, même en faibles quantités, mais pour rester dans l'état d'esprit et ne pas attaquer le sprint de départ sans échauffement. »
Petit ajout personnel : à titre de préparation, si tu as peur de te lancer dans le NaNoWriMo à cause du nombre de mots impressionnant, tu peux toujours te lancer avant dans le CampNaNo ! Comme c’est toi qui choisis ton objectif, tu n’es pas obligé de prendre un nombre de mots aussi ambitieux que 50K !
PENDANT LE NANO
C'est le grand saut ! Il est 23h59, octobre s'éloigne un peu plus chaque seconde et tu t'apprêtes maintenant à te plonger corps et âme dans ce défi pendant toute la durée du mois, les doigts fébriles au-dessus du clavier et le fichier vierge ouvert devant tes yeux.
Pour une trèèès grande majorité, « début du NaNo » rime aussi avec « kick-off ». Moment crucial qui permet d'avancer un maximum dès le début du défi, la kick-off est souvent organisée sur internet (sur le forum de GE, par exemple, hinhinhin) ou, pour les plus chanceux, IRL, dans les grandes villes comme Paris. Bien sûr, c'est super avantage de pouvoir attaquer le NaNo avec l'avance conférée par l’événement (qui peut, pour les plus performants, parfois tourner autour de 8 000 mots, presque un cinquième du nombre de mots total). Parfois en revanche, par manque de préparation, le texte obtenu n'est pas à la hauteur des attentes. LorianO a connu ça : « j'ai commencé à la kick-off avec une histoire entamée au CampNaNo d'avril, mais je me suis rapidement (avant le lever du soleil) rendue compte que je maîtrisais vraiment pas bien les personnages et que j'écrivais du caca. » Finalement, elle a réussi à passer outre cette difficulté en bouclant son NaNo avec un travail de rédaction professionnel. Le tout est de prendre le problème avec philosophie et de réussir à rebondir !
Après donc cette nuit harassante d'écriture, tu te réveilles, frais comme un gardon (quand même pas, généralement, on ne dort pas beaucoup cette nuit-là) (les suivantes non plus d’ailleurs, mais humhum je m'égare) il faut maintenant prendre le rythme, et concilier le défi avec votre vie habituelle.
Pour la plupart, le mois de novembre devient une période à part : « Novembre est et restera le mois dédié à l'écriture. Un mois où je peux me consacrer à mes projets littéraires et mettre le reste sur pause sans culpabiliser et avec plus de facilité que le reste du temps » nous dit Loreleï. LorianO, quant à elle, explique : « là où, à un autre moment de l'année, je me dirais “ce soir j'ai la flemme de faire quoi que ce soit je vais regarder une série”, là je me dis “ce soir j'écris”. »
Le NaNo peut parfois être compliqué à concilier avec des études très prenantes : « Je l'ai fait quand même et, comme dit Mio, on arrive parfois à se surprendre. [...] C'était très tendu mais j'arrivais à écrire un peu tous les soirs et à rattraper mon retard quand je pouvais. Par contre, je ne suis pas beaucoup sortie en dehors de ça. » témoigne Matt, qui précisera après qu'elle ne pense pas renouveler l'expérience dans ces mêmes conditions cette année.
Pour Ielenna, en revanche, le NaNo a été sa porte de sortie dans des conditions difficiles : « j'étais à ce moment-là en stage sur l’île de la Réunion et je menais un train de vie pas possible. Je me levais à 5h tous les matins, pour aller me faire humilier au boulot et revenir chez moi à 18h30. Le NaNo, ça a été mon échappatoire. On écrit et on ne pense à rien d'autre. Et sans ça, je ne sais pas comment j'aurais tenu. »
Tout dépend donc de la situation. Certaines personnes gardent même la même organisation que « hors NaNo », avec l'intensité en plus. Tout ce qui importe, c'est que vous vous sentiez bien dans votre manière de fonctionner.
Il y a différentes manières de faire grimper son wordcount ; beaucoup préfèrent écrire un peu tous les jours, d'abord pour ne pas se laisser déborder par le stress engendré par un retard (pour moi par exemple, je sais qu'au premier problème survenu, j'aurais tendance à flancher), et ensuite pour garder l'essence originelle du challenge.
Après, comme le dit Mio, il n’est pas impossible de reprendre le train en cours de route même si on pensait que tout était perdu : « Généralement, à la moitié du NaNo, j'ai un gros passage à vide. Et une fois que je commence à être en retard, j'ai tendance à plutôt laisser les choses s'aggraver plutôt que me ressaisir. […] C'est comme ça que je me suis toujours retrouvée à finir de justesse, comme je le disais, et à écrire genre 20 à 30k en 2 jours (je vous le déconseille). Et maintenant c'est devenu une sale habitude […] Mais bon, ça prouve au moins que, jusqu'au dernier moment, il ne faut pas renoncer ! » Souvent, on retrouve deux-trois participants 24/24h sur la ChatBox, qui finissent ainsi le NaNo à un rythme de fou (déjà que à l'origine, le NaNo, ça fait pas sain, comme truc). Et autant vous dire que c'est plutôt impressionnant !
Tiens, tant qu'on y est, parlons un peu de l'ambiance NaNo ! Pour se soutenir et écrire ensemble, il y a foison de possibilités : sur Paris, de nombreux write-in par exemple (des rassemblements d'écriture) sont proposés au fil du mois. Et pour ceux qui ne sont pas sur place, ou n'ont pas forcément envie d'y aller, il y a généralement pas mal de monde sur des chat un peu partout sur la toile, où l'on peut se donner des conseils, faire des word wars ou tout simplement décompresser entre deux rushs. Sur le forum de GE, des groupes avaient aussi été formés, avec certains petits défis organisés par l'équipe pour pimenter un peu l'écriture ou donner des coups de pouce.
APRES LE NANO
Après tout ce travail, la juste question que l'on peut se poser est la suivante : qu’est-ce que cette expérience a apporté à chacun ? Non parce-que c'est bien joli, de trimer sur une histoire pendant tout un mois, mais quand même, le résultat, c'est sympa aussi.
Le NaNo a permis à une grande majorité des témoins de se concentrer sur l'écriture, de se booster : comme pour Lorelei pour qui il a été, comme elle le dit elle-même, une révélation : « Le NaNo, ça t'amène à te donner à fond [...] et te consacrer à 100 % à ta passion. Le NaNo 2013 m'a redonné le goût d'écrire, d'inventer, de me laisser emporter dans une histoire. »
L'ambiance très particulière du NaNo, à la fois pleine d'effervescence et alourdie de la pression due à l'importance du défi, mène souvent à une grande motivation qui a par exemple permis à Kallisto de terminer une histoire pour la première fois : « Le compteur, le soutien des copines, les word wars, les write-in, j'ai vraiment beaucoup aimé ! J'écrivais même mieux tant que je révisais le Capes (parce que je m'autorisais seulement deux fois trente minutes dans la journée, donc fallait bien avancer !). »
Le NaNo a également permis à certaines de trouver de nouvelles pistes pour leurs histoires : le fait d'avoir constamment la tête dans une histoire, de travailler chaque jour dessus, permet de mieux connaître ses personnages, de les complexifier, ainsi que de modifier ou de rajouter des péripéties insoupçonnées à l'intrigue. Du coup, on ressort grandi de l'expérience, avec sous le bras une histoire approfondie. Plus personnellement, je voue maintenant à l'histoire en question un attachement en partie dû à tous ces moments forts qu'elle a traversés avec moi. Mio explique également que « ces périodes où je suis entièrement concentrée sur mon histoire m'ont permis de renouer un peu avec elle [...]et ça a profité à mon inspiration et ma motivation à écrire tout au long de l'année. »
Dans les témoignages récoltés, les idées qui ressortent sont que, concrètement, il est compliqué, du fait de la rapidité d'écriture, d'obtenir quelque chose de parfait stylistiquement. Le résultat est parfois bancal, à retravailler, ce qui peut handicaper à la correction, Comme nous le dit Matt : « généralement je m'éparpille, je pars dans tous les sens sauf celui qui avait vaguement été prévu, et ça donne beaucoup de boulot à la réécriture. J'ai des chapitres très loooooongs, trop, des actions qui s'étalent sur des pages et des pages, bref, effet NaNo, j'ai envie de dire. » Il convient donc de s'adapter et de voir ce qui nous convient d'écrire durant ce moment particulier, quel genre d'histoire nous permettra de nous épanouir au mieux durant ce mois intensif !
Pour la plupart, le NaNo a été une expérience plutôt positive qui leur a permis de réaliser ce qui leur plaisait comme rythmes et habitudes d'écriture. Mais il reste tout de même un défi avec des codes très particuliers qui ne marche pas avec tout le monde. Eyglun, par exemple, n'y a jamais trouvé son compte : « Je n'ai jamais participé à un événement IRL d'émulation à l'écriture dans un cadre de NaNo ; pis en ligne... les word wars online n'ont en général quasiment pas de résultat sur ma productivité. »
Pour conclure, on peut dire que, globalement, le NaNo est une expérience plutôt enrichissante, qui, bien qu'elle soit assez intrusive dans la vie de tous les jours, offre souvent des résultats plutôt positifs, et ce dans une ambiance d'entraide très sympa qui permet d'avancer, dans la joie et la bonne humeur !
Alors n'hésite plus, maintenant que tu as eu un petit aperçu de la vie des nanoteurs : rejoins nous dans le cercle, tu verras on y est très bien !

Cet auteur a aussi rédigé
