

comment gérer le SUSPENSE
par Matt
Quand on veut s'atteler à l'écriture d'un roman policier, puisque c'est le sujet du dossier, mais aussi à l'écriture d'un roman tout court, la question du suspense se pose. Bien sûr, il n'existe pas de recette miracle permettant de créer du suspense dans son histoire, mais voici quelques pistes pour faire trépigner votre lecteur d'impatience ou d'angoisse dans l'attente de la suite.
Qu'est-ce que le suspense ?
Avant de commencer, rappelons la définition du suspense. Selon Larousse, le suspense est un « moment d'un film, d'une œuvre littéraire où l'action tient le spectateur, l'auditeur ou le lecteur dans l'attente angoissée de ce qui va se produire ». Il faut toutefois différencier le suspense du cliffhanger, qui désigne la fin ouverte d'une histoire, ce qui va créer une forte attente chez le lecteur. En gros, le cliffhanger s'arrête brusquement à un moment où on a très, très envie de savoir la suite et que l'on n'a pas cette dite suite, quand le suspense désigne le fait de faire monter l'impatience du lecteur petit à petit, pour finalement le satisfaire... ou pas.
Le suspense possède même son propre genre, le roman à suspense, aussi appelé thriller en anglais. Selon Wikipédia, ce genre de roman met en scène un personnage en situation de danger. Le suspense y est usé sans limites par l'auteur pour mener la tension à son comble, avant la résolution finale.
Bon, tout ça est bien joli, mais le suspense, comment on le gère, comment on le construit dans son histoire, en dehors d'une intrigue qui suscite la curiosité du lecteur ? Voici quelques pistes :
Des personnages attachants
Tout d'abord, rendre ses personnages attachants, en leur conférant une véritable personnalité, peut être un moyen de créer du suspense. Mais pourquoi, me demanderez-vous ? Eh bien, parce que quand le lecteur s'attache à un personnage, il aura d'autant plus envie de savoir ce qui va arriver audit personnage. Cela va créer une attente chez lui et donc une certaine forme de suspense : il va lire la suite avec l'impatience de savoir si oui ou non, Michel épouse Géraldine, ou si Michel va mourir assassiné par le mystérieux tueur à gages Robert (oui bon hein). Faites l'expérience vous-mêmes et vous verrez : un livre que vous lisez et dans lequel vous n'avez aucune empathie pour les personnages va vous rendre indifférent à leur sort, si bien que, même si la tension est à son comble, vous ne la ressentirez pas. Attention, rendre ses personnages attachants, les faire aimer du lecteur ne suffit pas à créer le suspense. Mais ça peut aider.

De l'art et la manière de jouer des codes
Ce qui peut être intéressant, quand on joue avec le suspense, c'est aussi de jouer avec les codes d'un genre. Prenons le genre gothique, par exemple. Il en existe tout naturellement des lieux communs. Si Géraldine se retrouve en pleine nuit, perdue au beau milieu d'un manoir hanté, cela va créer une attente inquiète chez le lecteur. En effet, il va retrouver dans la description du décor un lieu associé à d'autres romans gothiques, et ainsi s'attendre à ce qu'il se passe quelque chose de mauvais dans ce manoir (un meurtrier qui surgit de derrière le rideau pour tuer Géraldine). Et c'est là que vous déjouez les attentes du lecteur : eh non, surprise, c'était Michel qui venait la demander en mariage. Ou pas, hein. Mais le fait de jouer avec des clichés, des codes du genre pour ensuite s'en détacher et ainsi piéger le lecteur, peut créer du suspense.
Du rythme
Le rythme peut aussi être un moyen de créer ou d'entretenir le suspense, qu'il soit de plus en plus rapide jusqu'à la résolution finale, ou au contraire qu'il ralentisse au fur et à mesure que l'intrigue avance pour rendre le lecteur encore plus impatient et angoissé dans l'attente de la suite. Vous pouvez donc jouer sur l'enchaînement des actions, avec un condensé d'actions de plus en plus important ou au contraire, de moins en moins important, avec une action qui stagne, ce qui va décupler l'impatience du lecteur. Mais il peut aussi s'agir d'effets plus stylistiques. Les phrases plus courtes, plus hachées peuvent suffire à embarquer le lecteur dans le roman et à lui donner une envie irrésistible de découvrir la suite (ou pas). Attention toutefois à ne pas trop user de certains effets stylistiques un peu trop vus et revus : s'il vous plaît, les points de suspension c'est bien, mais à employer avec parcimonie ! Les points de suspension ou la répétition de « Robert était vraiment un homme très bizarre... » à tout bout de champ vont plutôt avoir tendance à casser l'effet de suspense escompté.
La résolution finale
Après avoir fait mariner votre lecteur pendant des dizaines voire des centaines de pages (mais si, je vous vois), n'oubliez pas de soigner la résolution finale. Certes, cela ne fait pas partie de l'effet de suspense à proprement parler. Néanmoins, si vous distillez du suspense tout au long de votre histoire et que le lecteur n'attend plus qu'une chose, c'est de savoir si, oui ou non, Michel a trompé Géraldine (mais si)... et que tout retombe comme un soufflé, ou que vous laissez le lecteur sans réponse, il sera frustré. Bon, si c'est un cliffhanger et que vous avez déjà prévu une suite, ça peut être un effet intéressant. Si vous aimez vous faire détester aussi. Mais si la résolution ne satisfait pas assez le lecteur, parce qu'elle est trop prévisible, parce qu'elle est artificielle, ou parce qu'il n'y a ni résolution ni suite prévue, il sera déçu. La clé, quand on joue des effets de suspense, c'est aussi de savoir donner une réponse aux attentes du lecteur pour terminer en beauté.
Voici donc quelques pistes qui peuvent vous aider à gérer le suspense dans votre histoire. Après, chaque histoire est unique et l'effet de suspense peut très bien marcher sur un lecteur et pas sur un autre, pour différentes raisons. Maintenant, c'est à vous... (tintintiiiiiin)
Matt
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