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Aaaah, Chris Hemsworth… Hiiii, Tom Hiddleston !

Avant d’être les superhéros de Marvel et Disney, Thor, Odin et Loki étaient des dieux du panthéon nordique. Abandonnée au début du XIe siècle face au christianisme montant, cette mythologie fut redécouverte au XVIIIe siècle par le courant romantique, inspira Richard Wagner (L’Anneau du Nibelung, 1849-1876) et J.R.R Tolkien (Le Seigneur des Anneaux, 1954-1955), avant d’être réinterprétée plus ou moins largement sous de multiples formes par Stan Lee (Thor, 1962), Robert Zemeckis (La Légende de Beowulf, 2007) ou encore Microsoft (Age of Mythology, 2002).

Aujourd’hui, l’Ásatrú, religion officielle de l’Islande depuis 1973, remet au goût du jour les croyances du panthéon nordique, mais il est difficile de cerner véritablement les croyances de l’époque.

La mythologie nordique

par nameless

Contexte historique

 

La mythologie nordique est encore mal connue. Bien que mise en avant comme l’ensemble des croyances des vikings (VIIIe-Xe siècle), elle prend sa source bien plus loin dans le temps, et a d’autres origines géographiques. Proche parente des mythologies germaniques, elle en est une version régionale, spécifique à la Scandinavie. Les peuples germains dits continentaux – les « barbares » goths, wisigoths, ostrogoths, saxons mais aussi francs  – avaient déjà des croyances similaires au temps de l’empire romain. Dans le cas de la mythologie scandinave, la tradition orale a, au fil des siècles, modifié certains noms et certaines histoires, effacé ou créé des divinités.

Aujourd’hui, les principales sources d’informations en notre possession sont les EddaEdda poétique et Edda de Snorri. Ces recueils de poèmes ont été couchés à l’écrit au XIIe siècle, bien après la christianisation de la Scandinavie, et sont donc sujets à de grandes controverses concernant leur objectivité. Un véritable imbroglio culturel, bien difficile à considérer comme un ensemble cohérent et ordonné, ce qu’il n’était sûrement pas à l’époque. La sphère d’influence des Vikings s’étendra, à son apogée, des terres glacées du Groenland et peut-être même du Canada aux hautes montagnes de l’Atlas, aux rivages de la Sicile et aux grand fleuves russes. Ils formeront la garde personnelle (et invaincue) de l’empereur de Byzance. Impossible dans ces conditions de garder une unique version d’un mythe. De plus, nombre d’idées reçues et d’informations non vérifiées circulent, mélangées à des réécritures romantiques du XVIIIe siècle, des interprétations modernes et d’autres visions ésotériques. Les sections suivantes tentent donc de décrire et d’expliquer la mythologie nordique le plus fidèlement possible, mais restent sujettes à la subjectivité des sources, de leurs traductions et de votre serviteur.

Il reste un point à éclaircir avant de plonger dans la mythologie scandinave. Leur système de valeur à l’époque était très différent du nôtre, aujourd’hui teinté de deux mille ans de christianisme. La notion de bien et de mal n’existe pas, remplacée par des valeurs d’honneur et de bon droit. Tuer un homme pour une vendetta est considéré comme normal et juste. De même, la valeur d’honneur est souvent attribuée au vainqueur, quel qu’il soit. Odin n’est-il pas le père de la victoire, peu importe comment elle est obtenue ? La ruse et l’intelligence font partie de ses principaux attributs, et c’est par un meurtre qu’il crée l’univers comme il est connu.

 

 
Création du monde et cosmogonie

 

Au début n’était que le vide insondable, Ginnungagap, séparant Muspellheim, le monde du feu, de Niflheim, le monde de glace. Les braises tombant de Muspellheim firent fondre les glaces de Niflheim, remplissant le Ginungagap. De cette eau naquit Ymir, un géant, le premier être vivant, et sa nourrice, la vache Audumlah. Ymir se nourrissait au pis de la vache dans son sommeil et, hermaphrodite, il enfanta plusieurs géants. Audumlah, elle, léchait les glaces pour se nourrir. Au bout de trois jours, elle fit ainsi apparaitre Buri, le premier dieu, qui s’accoupla avec une géante et en eut un fils, Bur. Ce fils eut lui-même trois fils, Vili, Vé et Odin. À l’initiative de ce dernier, ils fomentèrent la mort d’Ymir et de tous les géants qu’ils détestaient.

Les trois frères tuèrent ainsi le père des géants, dont les rivières de sang emportèrent tous ses fils et filles, sauf deux, qui vouèrent une haine éternelle aux dieux. Odin et ses frères saisirent les restes d’Ymir, et entreprirent de construire le monde. Le crâne du géant devint la voûte céleste, ses os les montagnes et collines, ses dents les falaises. Avec ses cheveux et ses poils, ils créèrent la végétation, et firent des nuages avec les restes de son cerveau. Odin vit bientôt que des vers vivaient dans les restes pourrissants d’Ymir, aussi leur donna-t-il forme humaine. Mais ces êtres chétifs n’aimaient pas la lumière et préféraient creuser, aussi restèrent-ils à Svartalfeim et devinrent les nains.

Odin donna alors l’étincelle de vie à deux arbres morts, amenés par les flots. Vili leur donna un peu de connaissance, et Vé les cinq sens. Les arbres prirent alors une forme réduite des dieux eux-mêmes, le frêne se transformant en homme et l’orme en femme. Odin, fier de sa création, leur donna Midgard pour royaume. Midgard, littéralement « la Terre du Milieu », est considérée comme le monde d’équilibre autour duquel s’articulent les huit autres mondes de la cosmogonie nordique. Chacun possède un pendant physiquement et géographiquement opposé.

  • Muspellheim et Niflheim : les deux mondes primordiaux sont les mondes les plus éloignés l’un de l’autre, situés aux extrémités nord et sud. Muspellheim abrite le feu primordial et éternel, tandis que Niflheim est un désert de glace et d’eau gelée.

  • Jotunheim et Vanaheim : Jotunheim, tout à l’est, est un monde de montagnes rocheuses et glacées, hostile à toute présence. Seuls les géants, créatures chaotiques et belliqueuses, vivent dans ce pays qui leur ressemble. Vanaheim, situé à l’est, est au contraire un pays ensoleillé et agréable, terre des Vanes, les dieux de la fécondité et de l’abondance.

  • Asgard et Helheim : Ces « clos » sont d’immenses palais construits pour accueillir les dieux et les morts. Asgard, présidé par Odin, héberge les morts valeureux, tombés glorieusement au combat. Tous les dieux possèdent une demeure en Asgard, derrière les imposantes murailles qui entoure ce monde. Helheim est le royaume de Hel. Elle est la seule déesse dont le palais est hors d’Asgard, mais son rôle est de recueillir les morts naturelles, telle la maladie ou la vieillesse, afin de leur éviter d’errer sans fin dans le Niflheim.

  • Alfheim et Svartalfheim : ces deux mondes sont les demeures des elfes. Alfheim est le pays des elfes lumineux, fées, lutins et autres farfadets bienfaisants, tandis que Svartalheim est le pays des êtres sombres, nains, gnomes et trolls. Selon certaines interprétations, certains seraient les êtres de la vie et les autres de la mort. Il est possible que les Valkyries aient été, dans l’une ou l’autre des versions, des elfes lumineux issus d’Alfheim.

Tous ces mondes sont supportés par Yggdrasill, l’arbre-monde. Le premier des végétaux abrite et protège les neuf royaumes, étroitement imbriqués dans ses racines ou son feuillage, selon les sources. Non content d’héberger les neuf mondes, il est aussi le foyer de nombreux êtres et animaux tous plus étranges les uns que les autres.

Nornes et destinée

Au pied d’Yggdrasill, près de sa plus grosse racine, vivent les trois nornes, qui apportèrent avec elle le temps et la mortalité pour toutes les créatures vivantes. Dieux comme humains, animaux et plantes (y compris Yggdrasill lui-même) sont soumis à leur influence. Le destin est inéluctable, et tout est écrit à l’avance. Nul ne peut lui échapper, aussi est-il plus honorable de faire face et de l’affronter sans peur et sans honte car, malheureusement, les trois sœurs qui tissent son fil sont incorruptibles. Urd (ce qui a été), Verdandi (ce qui est) et Skuld (ce qui sera) ne s’intéressent ni aux hommes ni aux dieux, tout à leur ouvrage. Tout au plus daignent-elles interrompre un instant leur travail pour irriguer la racine d’Yggdrasill avec l’eau de la fontaine d’Urd, qui nourrit l’arbre-monde malmené par le serpent Nidhogg rongeant ses racines. Elles savent néanmoins que leur travail ne sera pas éternel et que le Ragnarök arrivera. Rien ne peut les surprendre, elles qui savent tout mais ne le révèlent presque jamais, peu enclines à partager leur pouvoir.

 

Néanmoins, il existe des nornes inférieures qui se penchent très précisément sur le destin de chacun. Chaque être vivant possède sa propre norne, qui nait et meurt avec lui. Elle a la lourde responsabilité de veiller à ce que le destin s’accomplisse, et est donc responsable des évènements, heureux et malheureux, de tous les êtres vivants à l’ombre d’Yggdrasill.

Ases et Vanes

Mortels mais possédant de multiples objets magiques et des pouvoirs durement acquis, les dieux sont répartis en deux groupes. Les Vanes, dieux de la prospérité et de la fertilité, liés à la terre, sont les dieux de la terre et des besoins matériels. Les Ases sont les dieux de l’ordre et de la société, gardiens du ciel et des valeurs humaines.

 

La première guerre de l’univers éclata entre ces deux groupes de dieux. Les Vanes abattirent les murs d’Asgard mais ne purent venir à bout des Ases. Ils conclurent alors une trêve et échangèrent des otages. Le chef des Vanes, Njord et ses enfants, les jumeaux Frey et Freyja, vinrent à Asgard, tandis que les Ases envoyèrent Mimir et le simplet Hoenir chez les Vanes. Dépités par cet échange inégal, les Vanes décapitèrent Mimir et renvoyèrent sa tête à Odin. Celui-ci la conserva et la plaça dans la source de la connaissance au pied d’Yggdrasil. Mimir devint ainsi le gardien de la connaissance et de la sagesse, si bien que même Odin vint quérir auprès de lui.

 

  • Odin : le père de tout, mais surtout de la victoire, est une des divinités les plus appréciées. Rusé, il règne sur Asgard qu’il dirige d’une main de fer. Dieu du savoir qu’il recherche activement, cet Ase fera don de l’un de ses yeux à Mimir pour acquérir la sagesse. De même, il se blessera mortellement, se crucifiant sur Yggdrasill avec sa propre lance dans le flanc pour apprendre le secret des runes. Il restera volontairement pendu durant neuf jours, agonisant durant son apprentissage, jusqu’à ce que sa connaissance de l’écriture lui permette de se ressusciter. Trônant au Valhalla sur son trône d’où il voit tout, il possède deux corbeaux, Hugin et Munin, qui lui rapportent tout ce qu’ils voient et entendent dans les neuf mondes. Sleipnir, son cheval à huit pattes, lui permet de voyager presque instantanément n’importe où dans l’univers, tandis que Gungnir, sa lance, ne rate jamais sa cible. Enfin, son anneau Draupnir est source de richesse éternelle, car il se duplique toutes les nuits en huit anneaux identiques. Maîtrisant le savoir, la sagesse, la connaissance et la richesse, il est naturellement le roi des Ases. De son mariage avec Frigg, il a un fils.

 

  • Thor : le dieu du tonnerre et de la foudre est l’Ase des artisans et particulièrement des forgerons. Amenant la pluie, il est aussi apprécié par les paysans. Maniant son marteau Mjollnir, il est l’incarnation de la force et de la protection. Il est le seul à pouvoir porter ce marteau, grâce à sa ceinture qui décuple sa force déjà impressionnante, et ses gants qui protègent ses mains. Son arme magique lui permet de repousser les géants et autres monstres qui attaquent Asgard ou Midgard. Possédant le plus important des artefacts divins, il ne s’en sépare jamais, et résout ses problèmes en fracassant la tête de ses adversaires. Personnification de la bravoure, de la virilité et de la droiture, il est parfois trompé par des géants qui abusent de son sens de l’honneur lors de ses nombreux voyages. Ses deux boucs tirent son chariot mais peuvent également être tués pour être mangés. Thor les reconstruit alors à partir de leurs os avec l’aide de Mjollnir. Au cours de ses voyages, il fera face à de nombreuses épreuves, buvant à une corne en réalité reliée à la mer, affrontant la vieillesse déguisée ou le serpent géant Jormungand. De plus, les Ases le rappellent régulièrement en Asgard lorsque les géants causent de graves problèmes. Dieu majeur du panthéon scandinave, son marteau est très souvent représenté et porté comme une amulette, amenant protection, bravoure et force à son porteur.

 

  • Frigg : la femme d’Odin est la seule à pouvoir régner en son absence, et ses conseils sont toujours écoutés par son mari. Bien qu’aussi adultère que ce dernier, elle est la déesse du mariage et du foyer, de la maternité et des enfants. La reine des dieux a appris le tissage et la voyance auprès des nornes, et passe son temps à filer les nuages dans son palais. Déesse des devins et sibylles, elle est néanmoins tenue aux mêmes contraintes que ses tutrices, et ne prophétise pas ce qu’elle voit. Le seul écart qu’elle fera à cette ligne de conduite amènera une suite d’événements débouchant sur le Ragnarök. Elle est la seule déesse à n’avoir aucun animal de compagnie, mais peut compter sur l’aide de ses douze servantes, qui l’aident et s’assurent que ses ordres sont bien suivis parmi les neufs royaumes.

  • Tyr : bien qu’il perde au fil du temps de l’importance au profit d’Odin, Tyr n’en est pas moins un dieu important. Gardien de la justice, dieu du ciel et de la stratégie, il est invoqué lors des thing, les réunions de village, et à chaque fois que justice doit être rendue. Dieu juste et courageux, il peut influencer le cours d’une bataille, aussi est-il invoqué par les guerriers. L’enchainement du loup Fenrir est l’épisode le plus conséquent de la vie de Tyr. L’animal, bien trop nourri par les Ases, devint immense et ne fut plus nourri que par le courageux Tyr. Mais les dieux, prévenus que l’animal amènerait leur perte, tentèrent alors de l’enchaîner et lui proposèrent des défis de plus en plus difficiles, dont il se libérait à chaque fois. Ils lui présentèrent alors un lien ressemblant à un simple ruban. Méfiant envers la magie Ase, le loup n’accepta de se faire attacher que lorsque Tyr proposa de laisser sa main dans la gueule du loup en guise de bonne foi. Lorsqu’il apparut évident que les Ases n’aideraient pas le loup à se détacher, il dévora la main de Tyr, qui devint alors manchot par respect de la justice.

  • Heimdall : cet Ase est le gardien d’Asgard et de l’ordre social. Son château situé en bordure du royaume des dieux garde le Bifrost, l’arc-en-ciel qui relie Midgard et Asgard. À la moindre alerte, ce dieu qui peut entendre les fourmis marcher et voir l’herbe pousser souffle dans Gjallarhorn, qui se fait entendre sur les neuf mondes. Au début du monde, il engendra les trois classes sociales scandinaves. Il fut d’abord accueillit par deux hôtes vieux et décrépis, et au bout de trois jours la femme donna naissance à un enfant fort laid, nommé Thrall, esclave. Il passa ensuite trois nuits chez un couple un peu plus jeune, et la femme enfanta un bambin robuste et vigoureux, nommé Karl, homme libre. Enfin, il coucha dans le lit d’un couple en pleine forme et éduqué, dont le fils fut nommé Jarl, chef de clan.

  • Idunn : la déesse de l’éternelle jeunesse est la gardienne de l’immortalité des dieux. En mangeant ses pommes d’or, les dieux combattent ainsi la vieillesse. Lorsqu’elle est enlevée par un géant, ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour que revienne la déesse qui les empêche de vieillir.

  • Njord : le chef des Vanes est le dieu de la mer et du vent. D’une importance capitale pour la pêche, le commerce et la navigation, il est également un dieu d’abondance. Prier Njord peut apporter prospérité et richesse, car son domaine jouxte la mer et il ne le quitte jamais. Il tenta bien de suivre sa femme dans ses montagnes, mais ne put y vivre. De même, elle ne supporta pas la mer, aussi leur mariage ne fit pas long feu.

  • Frey : fils de Njord, ce Vane est le dieu de la fertilité et de la prospérité. Si peu de textes nous sont parvenus à son propos, les effigies de ce dieu en érection nous en apprennent beaucoup. Commandant à la pluie et aux rayons du soleil, il apporte richesse et succès, donne vie à toute végétation et veille sur la santé des animaux. On dit de lui qu’il possède une épée qui combat toute seule, et un bateau qui traverse terre et mer, qu’il peut ranger dans une bourse lorsqu’il n’en a pas l’usage.

  • Freyja : sœur jumelle de Frey, elle est la déesse de l’amour, de la beauté et de la passion. Plus belle créature sur terre, elle est souvent l’objet du désir des ennemis d’Asgard. Néanmoins, elle est capable de se défendre seule car elle est considérée comme la première des Valkyries. Sur son chariot tiré par deux chats, elle survole les champs de bataille et récupère les morts valeureux qui ont trépassé en défendant leurs foyers. Son manteau en plumes de faucon lui permet de voyager entre les mondes, et elle possède le collier des Brisingar, qui donne à sa porteuse un charisme tel que personne ne peut rien lui refuser.

Cette liste est bien évidemment non exhaustive, et de nombreux autres dieux vivent à Asgard et Vanaheim, tels Bragi, le dieu des bardes et des poètes, Nerthus, la déesse des récoltes et de l’agriculture, ou encore Ull, dieu de la chasse et de l’hiver. Mais bien d’autres créatures peuplent la mythologie scandinave.

Géants, Valkyries, héros et autres monstres

Les dieux sont loin d’être les seuls êtres fantastiques à peupler la mythologie nordique. Les géants, leurs ennemis de toujours, sont l’incarnation de la nature chaotique et furieuse. Bien que moins puissants que les dieux, leur nature les fait se reproduire très vite et ils usent de toutes sortes de stratagèmes pour pouvoir dérober aux Ases et Vanes leurs objets magiques. Ils sont capables de prendre des formes multiples, se changeant en oiseau, poisson ou encore cheval, comme l’a souvent fait le plus célèbre d’entre eux.

  • Loki : géant par nature, il est le seul de son espèce qu’Odin accueille en Asgard de manière permanente. Ils auraient scellé un pacte de sang, faisant de Loki le frère d’Odin. Dans les faits, il est souvent considéré comme inférieur par les autres dieux, qui le cantonnent au rôle de bouffon et d’amuseur public. Sa nature malicieuse et curieuse le traîne néanmoins souvent dans des situations inextricables, dont il se sort par ruse et tromperie. Impulsif, il entraine souvent Asgard tout entier avec lui, et est ensuite sommé de réparer ses erreurs, comme par exemple, pour le vol des pommes d’Idunn.

Se sentant floué par un aigle qui lui avait pris une grande partie de son repas, il tente de le frapper mais l’oiseau attrape le bâton et s’envole, emportant Loki avec lui. Terrorisé, ce dernier supplie l’aigle de le lâcher. Celui qui n’est autre que le géant Thjazi sous sa forme de volatile accepte si Loki lui promet de lui ramener Idunn et ses pommes. Loki accepte et attire Idunn hors d’Asgard, lui demandant d’amener ses pommes pour les comparer avec d’autres qu’il a trouvées magnifiques. À ce moment, Thjazi apparait sous sa forme d’aigle et enlève la déesse. Quelques temps plus tard, les dieux soumis à la vieillesse enquêtent sur la disparition d’Idunn. Comprenant que Loki y est pour quelque chose, ils lui promettent mille tourments s’il ne la récupère pas. Empruntant à Freyja ses plumes de faucon, Loki arrive alors à voler jusqu’à l’aire de Thjazi. Le géant étant absent, il transforme Idunn en noix pour pouvoir la porter. Mais le géant n’est pas loin et il poursuit Loki. En vue d’Asgard, Loki appelle à l’aide et les Ases forment un gigantesque brasier, qu’ils allument lorsque Thjazi vole au-dessus. Les plumes brûlées, il s’écrase au sol où les dieux le tuent. Sa fille Skadi viendra demander réparation, et c’est encore Loki qui résoudra le problème en piégeant la géante avec un jeu truqué.

Mais petit à petit, lassé d’être le jouet des Ases, il deviendra amer et colérique, jusqu’à l’instant où il poussera la patience des dieux au-delà des limites et sera enchaîné pour cela.

  • Hel : techniquement, Hel est une géante. Mais fille de Loki, Odin la considérera comme une Ase, et lui offrira un domaine immense. Bien qu’elle ait été largement diabolisée par la suite (son nom a donné hell, enfer en anglais), elle n’est en réalité aucunement maléfique. Douce déesse régnant dans son palais Helheim, elle y accueille les âmes des « morts de paille », les morts de maladie, vieillesse, accidents… Elle prend soin de charger les âmes dans des barques sur l’un des nombreux fleuves de Niflheim, pour éviter qu’elles n’errent sans fin dans les brumes glacées du monde gelé. Son visage est à moitié resplendissant de beauté et de vitalité, tandis que l’autre moitié serait perpétuellement cachée par l’ombre de la mort. Elle construit Naglfar, un énorme navire entièrement fait d’ongles.  

  • Jormungand : lui aussi fils de Loki, ce serpent géant entoure le monde des hommes dans ses anneaux. Assoupi au fond des mers, c’est sa respiration qui crée les vagues, et lorsqu’il s’agite dans son sommeil naissent des tempêtes. De nombreuses sources attestent d’une histoire populaire le concernant.

Lors d’une partie de pêche avec le géant Hymir, Thor, lassé de pêcher des baleines, accroche une tête de bœuf à son hameçon. Il attrape alors Jormungand, et une lutte sans merci éclate. Le serpent se débat tant que les pieds du dieu traversent le plancher. Il parvient néanmoins à amener la tête du monstre dans la barque mais Hymir, épouvanté, tranche le fil et le serpent retourne dans les profondeurs. Frustré, Thor tue le géant avec son marteau et rentre chez lui à pied. Il s’agirait là d’une allégorie des tempêtes, lorsque nuages noirs et grosse mer effraient les navigateurs.

 

  • Valkyries : chevauchant des loups, les Valkyries survolent les champs de bataille où on peut les apercevoir sous forme de corbeaux. Ce sont elles qui choisissent les morts honorables sur le champ de bataille, afin de les amener au Valhalla où ils deviendront de valeureux Einherjar, les guerriers d’Odin et Freyja. Certains y voient une explication spirituelle aux hordes de charognards nettoyant les champs de bataille, néanmoins plusieurs valkyries, telle Brynhild, ont une place centrale dans certaines sagas, notamment celle de Sigurd.

 

  • Héros : La mythologie nordique comporte également son lot de héros humains. Ces histoires d’amour, d’aventure et de tragédies sont peut-être inspirées de personnages ayant réellement vécu, mais légendes et faits d’armes se mélangent pour donner naissance à des êtres semi-légendaires, tel le fameux Sigmundr, qui fut le seul qui réussit à retirer une épée plantée dans un arbre par Odin lui-même, ou le plus connu Ragnar Braies-Velues (Lodbrok, en version originale), vraisemblablement un amalgame de plusieurs personnages importants.

 

  • Nains : Les nains sont des créateurs par-dessus tout. Capables des plus grandes prouesses artisanales, ce sont les fabricants de tous les artefacts divins, que les dieux récupèrent de façon plus ou moins éhontée, comptant sur la sagesse des nains pour éviter des représailles. Ainsi, ils fabriquèrent le marteau de Thor, le collier de Freyja, la lance d’Odin ou encore le lien magique (créé à partir du bruit de pas d’un chat, de la barbe d’une femme, des racines d’une montagne, de tendons d’un ours, du souffle d’un poisson et du crachat d’un oiseau) qui retient Fenrir prisonnier. Quatre d’entre eux portent le ciel : Nordri, Sudri, Austri et Vestri.

Ragnarök

Neuf mondes organisés sur un arbre gigantesque, chacun peuplé de créatures extraordinaires et variées, toutes soumises au même destin. Quel est-il ? La destruction totale, bien sûr ! Beaucoup d’historiens s’écharpent aujourd’hui encore sur la signification du Ragnarök et son authenticité. Racontée par des auteurs chrétiens plus d’un siècle après la fin de l’ère viking, la plus fascinante et la plus connue des légendes nordiques pourrait bien être un tissu de propagande catholique. Mais comme en l’état actuel des choses aucune théorie ne fait l’unanimité, penchons-nous sur ce dernier sursaut de gloire, de combat, d’honneur et de badassitude.

 

Nidhogg rongeant la racine d’Yggdrasill, l’arbre-monde en viendra à trembler. Commencera alors la fin des temps. Dérangé dans sa course, le soleil vacillera et se fera avaler par le loup Hati qui le poursuit inlassablement. Alors, un hiver de trois ans couvrira les mondes, engendrant famines, guerres et invasions animales.

Mais Yggdrasill tremblera toujours plus, aussi toutes les chaînes se briseront. Fenrir, dans sa fureur, se précipitera la gueule grande ouverte, touchant ciel et terre. Garm, le chien gardien des enfers, se lancera à sa suite. Loki, libéré de ses chaînes, ira chercher les géants et les morts gardés par sa fille. Depuis Naglfar, le bateau d’ongles, il lancera ses forces à l’assaut d’Asgard. Voyant cela, Heimdall soufflera dans son cor, prévenant Odin qui demandera conseil à Mimir. Il sonnera l’appel des dieux et des Enherjar, les guerriers du Valhalla. Nombreuses et furieuses, les forces de Loki détruiront le Bifrost, l’arc-en-ciel qui donne accès à Asgard.

Alors les deux armées s’affronteront dans les plaines de Vigrid. Odin sera dévoré par Fenrir, qui sera ensuite tué par Vidar. Frey affrontera Surtr sans son épée, aussi succombera-t-il. Thor détruira Jormungand, mais il ne fera que neuf pas avant de succomber au venin dont il est couvert. Heimdall et Loki s’affronteront, s’assassinant l’un l’autre. Tous les dieux ayant succombé, le feu primordial invoqué par Surtr brûlera et détruira l’ensemble des mondes, qui basculeront dans l’océan.

 

Alors le monde renaîtra de ses cendres. La terre ressurgira, sera à nouveau ensemencée, et les deux frères Baldr et Hodr, les deux seuls dieux morts avant le Ragnarök, quitteront Helheim pour reprendre place en Asgard. Deux humains survivront, et pourront à nouveau engendrer la race humaine.

 

Le Ragnarök annonce-t-il vraiment la fin du monde scandinave ? Certaines sources parlent davantage d’un combat sans fin, d’une inexorabilité sans cesse repoussée, ou revécue indéfiniment. À moins d’inventer une machine à remonter le temps – ce qui est physiquement impossible – nous ne saurons jamais. Les nombreuses disparités font de cette mythologie davantage une nébuleuse de croyances plutôt qu’un panthéon clair et précis. Cet article tente de définir un cadre plutôt large, mais il esquisse à peine les lignes de cet univers riche et foisonnant, ce vivier sans fond de légendes et de mythes. De nombreux animaux de légendes, des hybrides, mais également des sagas humaines et de nombreuses histoires légendaires appartiennent à cette mythologie : la trahison de Loki, la construction de la muraille d’Asgard, la saga des Ynglingar, la fabrication de Mjollnir, l’histoire des boucs de Thor…

 

Cet article cherche avant tout à vous donner envie de vous y intéresser, à vous pousser à faire vos recherches vous-même et à vous forger votre propre opinion et votre propre vision de la mythologie et de la civilisation nordique. Un dernier petit détail trivial et vous pourrez retourner à d’honnêtes occupations.   

Neuf

 

Le chiffre neuf revêt une importance toute particulière dans la mythologie scandinave. Il semble un symbole de chance et possède un caractère positif, étant une trinité de trinité : trois fois trois. Il apporte ainsi puissance et synergie, stabilité et équilibre. Ainsi, les neufs mondes, mais également les neufs mères (!) d’Heimdall, les neufs jours d’Odin pendu à un arbre, les neufs pas de Thor… il semble que le valknut – trois triangles entrelacés – ait été régulièrement porté, notamment pour accompagner les morts, comme une représentation de ce chiffre clé.

nameless

Sources

Portail wikipedia de la mythologie nordique

Mythologica.fr

Précis de la mythologie scandinave, par S. Richard

Jeu de rôle Yggdrasill, éditions 7e cercle

Atlas des vikings, John Haywood

Yggdrasill, la religion des anciens scandinaves, Régis Boyer

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