
Le Roi Sombre par Yet
Si j'ai d'abord souhaité parler de ce livre, c'est parce qu'il a une belle histoire. En octobre dernier, prenant mon billet de train à deux mains, je me suis rendue aux Octogônes de Lyon pour rencontrer les chouettes nanas de Génération Écriture. Bien entendu, ça aurait pu s'arrêter là. Seulement vous êtes tous des littéraires et vous savez qu'on ne fait pas une bonne histoire avec un pitch pareil. Il se trouvait donc qu'en face du (super cool) stand de GE se trouvait celui des Éditions de l'Homme Sans Nom. J'attendais l'annonce des résultats du défi d'écriture et j'ai donc décidé de me balader un peu.
Mon regard avide de découvertes littéraires est tombé sur cette couverture minimaliste et je me suis retrouvée nez-à-nez avec l'auteur, Oren Miller. En deux phrases, elle m'avait convaincue de lire son livre, mais elle a insisté pour que je lise une certaine page 70, si ma mémoire est bonne, et ce petit extrait a achevé de me donner l'eau à la bouche. J'ai donc acheté le livre, avec un bel autographe et un petit carton d'illustration.
Tiphs m'a dit, un peu plus tard, qu'elle l'avait acheté aussi. Et récemment, elle m'a avoué ne pas avoir passé le cap des cent pages. Ce petit plaidoyer lui est donc adressé. Tiphs, tu ne sais pas ce que tu as raté.
De quoi donc que ça parle alors ? Le Roi Sombre est une réécriture libre du Comte de Monte-Cristo de Dumas, mais qui se passe dans le futur, dans l'espace, avec des pirates, des déesses réincarnées et des magouilles aussi dégueulasses qu'ingénieuses. On suit donc Ed, jeune homme brillant promis à un avenir radieux, fiancé de la sublime mais non moins brillante Messaline. Ed étudie pour devenir magistrat et son rêve est de quitter la planète pour aller vivre sur une station-cité, vaisseau gargantuesque abritant des sociétés miniatures.
Le hic, c'est que ces stations-cités réclament l'indépendance par rapport à la planète et s'il y a des partisans dans les deux camps, les indépendantistes sont réputés adeptes de terrorisme, d'attentats à la bombe et autres joyeusetés. Alors qu'Ed reçoit enfin une opportunité de partir sur une station-cité, un attentat indépendantiste va causer la mort d'environ trois cents écoliers et toutes les preuves vont conduire à une évidence : Ed était à la tête de l'attaque.
Bien évidemment, le pauvre n'a rien fait, mais c'est sans issue : à titre d'exemple, il est condamné sans véritable procès à la réclusion à perpétuité dans la prison la plus sécurisée qui soit. Contre toute attente et après vingt ans d'emprisonnement, Ed va réussir à s'enfuir et va se lancer à la poursuite de ceux qui ont ruiné sa vie. Et à partir de là, ça ne va pas être joli du tout. Il va trèèèèèès bien s'entourer et tisser une toile fragile autour de tous les protagonistes de son arrestation. Il lui suffira ensuite de tirer un seul fil pour que tout s'écroule et qu'il obtienne sa vengeance.

Au-delà d'être une réécriture réussie d'un classique intemporel, ce roman réussit l'exploit de sublimer ses références à la science-fiction tout en innovant sur pas mal de points. Bourré d'humour noir et de cynisme, ce livre a tout pour plaire aux amateurs de space opera, de mystère et de thriller. En un roman unique, Oren Miller impose un univers complexe et pourtant limpide grâce à sa maîtrise de l'information.
Malgré quelques – rares – longueurs, la lecture se finit assez rapidement et laisse l'agréable goût de l'histoire bien finie. Moi qui tient en horreur les fins ouvertes, j'ai été particulièrement satisfaite par celle du roman et j'en ai apprécié jusqu'aux dernières lignes. J'accorde à ceux qui ont eu du mal à le démarrer que l'incipit fait un bon tiers du roman, mais il en vaut tellement la peine pour l'incroyable jeu de pouvoir et de mensonges que nous offrent les deux tiers restants.
Les personnages secondaires volent facilement la part du chef avec des caractères bien démarqués les uns des autres qui permettent une identification facile et efficace. Ils parviennent cependant toujours à surprendre par certaines attitudes qui leur donnent une troisième dimension assez appréciable. Quelques bons retournements de situation permettent aussi de toujours remettre en question ce qu'on sait d'eux. C'est une belle réussite à tous les niveaux.
Si vous cherchez une bonne intrigue sur fond de trahison et de vengeance, Le Roi Sombre est fait pour vous. Je ne peux que vous recommander de lui laisser une chance !
