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Interview d'une bédéiste en

 

devenir : Cyrielle F.,

 

par Elodye H. Fredwell

Bonjour Cyrielle ! Merci de m'accorder du temps pour cette petite interview. Peux-tu te présenter en quelques lignes, s'il te plaît ?

 

Bonjour, bonjour ! Alors, je suis Cyrielle, étudiante en 2e année à l'école Pivaut de Nantes, en section BD ! Mon objectif professionnel est de réaliser mes BD !

Dans un premier temps, peux-tu nous expliquer un peu les différents métiers et rôles rencontrés dans l'élaboration d'une BD ?

 

C'est très varié ! Ne serait-ce que pour la réalisation d'une BD, une collaboration est possible entre un scénariste, un « story-boardeur » (ce terme n'est pas correct car il ne s'applique qu'au domaine de l'animation, aussi appelons-le celui qui s'occupe du crayonné de la BD), un dessinateur et un coloriste.

En quoi cela consiste ? Alors, un scénariste décide de l'histoire, en accord avec le style graphique dans lequel la BD va s'orienter (on va pas faire une BD historique avec des dessins hyper simpliste ! Quoi que... tout dépend de ce que l'on raconte et ce que l'on veut faire passer comme message ! L'intention fait la richesse !)

Le « story-boardeur », ou la phase de crayonné : celui qui s'occupe de cette partie peut être soit le scénariste, soit le dessinateur – ou tout à la fois. Il s'occupe du découpage des planches (les pages). Il doit penser à la composition de l'image, décider de la mise en place des bulles, faire en sorte d'amener le lecteur à une bonne compréhension de la narration... C'est le metteur en scène !

Ensuite, le dessinateur, c'est lui qui fait les « mickeys », comme on dit – les dessins ! Plus souvent noir et blanc, il y a cependant différents types de techniques, aussi un dessinateur peut être le coloriste et donc réaliser toute cette partie à lui tout seul.

Le coloriste, c'est celui qui se charge de la mise en couleur. Gouache, acrylique, peinture à l'huile, aquarelle, encre... Il n'y a que l'embarras du choix. Aussi, il faut savoir que la plupart des BD aujourd'hui sont dessinées en traditionnel (quoi que) puis mises en couleur avec l'outil numérique pour des questions de temps et des besoins de production... Cependant, le numérique est loin d'être un outil « compensatoire » : c'est une vraie technique qui n'est pas moins intéressante que le traditionnel.

J’ajoute à cela que l'auteur peut tout faire, il n'a pas forcément besoin de plusieurs personnes. En l'occurrence, dans mon cas, je suis tout : scénariste, dessinatrice, illustratrice.

Ah oui, l'illustrateur. S’il est différent du dessinateur, c'est lui qui se charge des pages de couverture et plus encore.

Ensuite, certains dessinateurs/scénaristes/etc. peuvent faire appellent à des assistants, notamment pour les mangas ou comics, où les assistants ne s'occupent que des décors tandis que le dessinateur principal fait les personnages. Ce n'est pas trop répandu en France. Dans mon école, on nous apprend à être très polyvalent, à savoir se battre sur tous les fronts.

Voilà pour une BD, ensuite il y a l'éditeur. Il faudrait faire un chapitre entier dessus, vu tout ce qu'il y a à en dire ! Ensuite, les distributeurs, et les librairies, plateformes de ventes, etc. ! Là encore, ça mérite approfondissement !

 

 

Comment t'es venue cette passion pour le dessin et cette envie de devenir bédéiste ?

 

J'aime depuis toujours raconter des histoires! La plupart du temps, dans ma tête. (Mon entourage peut confirmer à quel point j'aime dormir et rêvasser ahah !)

Sinon, j'ai commencé très jeune à écrire et dessiner une histoire qui n'a jamais cessée d'évoluer. Cela s'est surtout concrétisé au collège, où je passais mon temps au CDI, à lire des mangas ! Notamment l'un qui m'a vraiment donné envie de faire des BD, le manga Nekoten, dont j'aime énormément et l'histoire et le style graphique!

 

 

Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours d'artiste, sur tes études, tes stages ?

 

J'ai su au début du collège que je voulais faire de la BD. Je savais ce que je voulais, il me fallait juste progresser. Je refusais alors d'aller dans une école...

On m'a obligée à aller voir une conseillère d'orientation en troisième. Elle m'a clairement fait comprendre que je n'avais aucune chance. Mais comme je n'aime pas qu'on me dise ce que je dois faire, j'ai persisté dans cette voie ! Au lycée, j'étais en filière littéraire, autrement dit, j'aimais écrire et lire. Cela m'a certainement beaucoup influencée aussi. Je me suis rendue compte des lacunes que j'avais en dessin et j'ai commencé à réfléchir au fait d'intégrer une école. J'ai découvert l'école Pivaut un peu par hasard, grâce à une amie, et j'ai décidé d'aller aux portes ouvertes.

J'avais localisé plusieurs écoles qui proposaient cette formation de BD, mais Pivaut reste la plus accessible. J'ai donc rencontré son directeur, lui ai présenté un book (carnet avec mes dessins) lors d'un entretien pour rentrer en APDN, Année Préparatoire en Dessin Narratif, car je savais ne pas être capable de rentrer en première année en passant par le concours. J'ai été prise directement en prépa et suis partie m'installer sur Nantes. Après avoir fait la prépa, j'ai passé le concours de passage en première année de Tronc Commun et l’ai réussie. À la fin de l'année de TC (tronc commun), j'ai fait mes vœux. On a un classement et une liste de choix pour décider dans quelle section aller. C'était agaçant, car je ne voulais aller qu'en BD, et il m'a fallu accepter que si je ne pouvais pas y entrer, j'allais être reléguée dans une autre section. À ce moment, je me suis dit que je quitterais l'école si je n'avais pas mon vœu. Obstinée que je suis, je l'ai eu ! Me voici donc en fin de deuxième année en section BD ! Encore un an avant le diplôme de fin d'étude et l'entrée dans le monde professionnel !

En ce moment, justement, je dois réaliser des stages. C'est le cas pour tous les deuxième année toutes sections confondus. Le but étant de réaliser sept semaines de stages avec pour obligation une semaine en imprimerie – afin de voir toute la chaîne de production d'un livre, BD, roman, presse...

À ce jour, j'ai réalisé deux semaines chez un illustrateur, une semaine dans une bouquinerie, une semaine chez un tatoueur et deux autres semaines chez une ancienne illustratrice de Pivaut ! Tous se sont très bien passé ! Il me manque toujours le stage d'imprimerie que je réaliserai en juin, après mes examens de fin d'année.

 

 

As-tu des projets de BD et si oui, combien ? Peux-tu nous les présenter rapidement ?

J'ai à ce jour deux gros projets qui sont un agglomérat de tas d'autres.

L'un est celui que je présente cette année pour mon projet de fin d'année, et l'an prochain pour mon jury de fin d'étude. Il se nomme Näkijä et raconte l'histoire d’Arlo, un garçon ayant la capacité de communiquer avec les dieux. Il découvre que les dieux ne sont pas tout-puissants lorsque ces derniers l’appellent à l'aide – prisonniers d'une sphère précieuse et pas plus grands qu'un pouce ! Une sorte d'histoire mythologique aux accents nordiques !

Le second projet est en réalité mon véritable premier. Il existe depuis que j'ai sept ans environ et a énormément évolué. Il se nomme Chaotide et raconte l'histoire d'une entité née du Chaos Originel. Il est en pleine réécriture et je ne sais pas ce que ça donnera !

 

 

As-tu des thématiques que tu aimes particulièrement aborder dans tes BD ?

 

Les dieux. Je suis passionnée par les mythes, toutes cultures confondues.

La psychologie. Je me base dessus afin que mes personnages soient « humains » et non pas des archétypes sans défaut. Je les veux faillibles. Au travers de la psychologie, je parle de conflits, de la guerre et, au-delà de ça, des émotions « interdites », comme la colère. La plupart de mes personnages principaux ont des personnalités instables et le but est de les faire évoluer, de les faire grandir. À mon sens, un personnage qui reste identique du début à la fin d'une histoire n'a rien appris durant son périple !

Le Chaos. J'ai une attirance particulière pour ce concept que je trouve extrêmement fascinant ! Là encore, c’est lié aux interdits dans la mesure où c'est censément quelque chose de « mal ». Dans ma BD, la notion de bien et de mal n'existe pas. C'est un concept redéfini à chaque instant – comme dans la réalité, en somme !

 

 

Quelle est la phase de l'élaboration d'une BD que tu préfères réaliser et pourquoi ?

 

L'écriture ! J'aime énormément me documenter et inventer.

À ce jour, j'ai créé un monde entier, avec ses cartes, ses pays, une langue, un zodiaque et un calendrier... Je développe des concepts, en invente d'autres – beaucoup liés aux théories scientifiques ou au folklore en général !

 

 

J'imagine que dans ton parcours de bédéiste, tu as dû lire déjà de nombreuses oeuvres, que ce soit bande dessinée, comics ou manga. As-tu une oeuvre qui t'inspire particulièrement ou qui t'a marqué dans ta vie et si oui, laquelle ?

Nekoten m'a donné la première impulsion. Mais autrement, la saga Percy Jackson a été une vraie illumination – en terme d'idées scénaristiques. Après tout, ces romans traitent de la mythologie grecque !

Autrement, One Piece ! J'admire le travail de son auteur – Eiichiro Oda – pour la complexité de l'univers qu'il a créé. Fullmetal Alchemist est un manga formidable, certainement le meilleur à mon goût, autant pour l'histoire que pour les personnages – tout est cohérent et juste incroyablement réalisé.

En réalité, j'ai énormément de références – chaque série, film, roman, poème ou image que je vois me donne de nouvelles idées !

 

 

Quel métier spécifique aimerais-tu exercer une fois tes études terminées ?

 

J'aimerais écrire et dessiner mes propres histoires. Après, qui sait ce que la vie me réserve ? Je rêve de faire pleins de choses, comme pourquoi pas être scénariste pour d'autres personnes !

 

 

Tu connais Génération Écriture grâce à moi, mais que penses-tu des actions menées par cette association pour les jeunes auteurs ?

 

Je trouve ça super génial d'avoir une plateforme (que dis-je, une association !) pour mettre en contact les jeunes auteurs ! Dans des métiers créatifs comme dessinateur ou écrivain où une grosse partie de notre temps, on est en solo, c'est très important d'avoir un entourage professionnel et/ou personnel pour être soutenu, etc. !

 

 

As-tu un site ou un réseau social sur lequel nous pouvons admirer tes oeuvres ?

 

J'ai eue autrefois une page Facebook, que j'ai supprimée ! Aujourd'hui, je suis sur Instagram sous le pseudo @_passye (https://www.instagram.com/_passye/) ! J'y publie régulièrement mes dessins, recherches et autres bazar en tout genre... !

 

 

As-tu un conseil à donner à une personne qui souhaite poursuivre sa passion professionnellement, comme toi tu souhaites le faire ?

 

Fais ! Vas-y à fond, vole et donne tout ce que t'as ! Montrons à tout le monde que l'on peut aller au bout de nos rêves !

Je suis une éternelle optimiste qui croit dur comme fer que même si on a l'impression de pas être au niveau, on le sera un jour, peu importe combien de temps ça prend ! On s'améliore tous les jours !

Elodye H. Fredwell

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