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L’une est professeure, l’autre est CPE, mais toutes deux ont un point commun (en dehors du fait qu’elles travaillent dans le même établissement ardennais) : elles sont auteures dans le domaine de young adult. Sylvine Ploix-Hugé et Laurence Lécluze n’ont pas le même parcours ni la même expérience dans le domaine littéraire, mais toutes les deux se sont retrouvées plongées dans l’écriture de ce genre si particulier. Pourquoi ? Comment ? Elles vont nous le dire tout de suite ! 

 

interview sylvine ploix-hugé et

 

laurence lécluze

 

par Maderose

 

 

Tout d’abord, bonjour à vous deux, Sylvine et Laurence ; et merci de m’accorder du temps pour cette interview ! Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ? Nous exposer vos activités et vos parcours, ainsi que vos œuvres ? 

 

Sylvine : Née en 1979, j’ai grandi dans le vignoble champenois et je vis actuellement à Juniville, près de Reims. J’ai étudié la civilisation et la littérature anglaises, après avoir vécu un an aux États-Unis, où j’ai pu suivre un cours de creative writing au lycée. Je suis mariée et mère de deux enfants. 

Conseillère principale d’éducation, je côtoie les adolescents au quotidien. Mes textes s’adressent donc avant tout à eux, même si mon lectorat s’avère bien plus large. À travers mes romans comme au quotidien, je m’attache à les amener à se questionner sur les relations humaines, les préjugés… sur des sujets en résonance avec leurs préoccupations et l’actualité. Le libre arbitre, l’engagement personnel, le respect de l’intégrité des personnes, la liberté, la famille, l’amitié, l’amour, la tolérance… sont des thèmes récurrents dans mes écrits. 

J’écris depuis septembre 2011. Mon premier roman est paru en mars 2014, suite à ma participation au concours Fnac-Kobo « Nos lecteurs ont du talent ».  

Une scène particulière, un rêve, un article, une conversation… sont autant de sources d’inspiration qui définissent le genre littéraire dans lequel j’oriente mes textes. Je me laisse donc libre de naviguer entre le contemporain, l’anticipation, la SF, la fantasy, et pourquoi pas un jour la romance… J’apprécie également l’écriture de pièces de théâtre et leur mise en scène pour le club que je co-anime depuis 2013. 

Quant à mes activités autour de l’écriture, elles sont variées : des romans, du théâtre, des rencontres, des ateliers d’écriture, des dédicaces, bien sûr, en salons et librairies… 

 

Laurence : En quelques mots… J’ai 49 ans, je suis née à Soissons dans l’Aisne. Après une maîtrise de lettres modernes à l’UFR de Reims, j’ai passé le CAPES de documentation. Rémoise pendant quinze ans, j’ai emménagé à Juniville dans les Ardennes en 2001 pour me rapprocher de mon poste de travail, le collège de la Retourne.  

Passionnée de littérature, j’ai découvert la science-fiction en licence auprès de Mme Pastorello, alors professeure à la faculté. Ce fut une révélation.  

En 1993, j'ai passé le CAPES de documentation et c'est un choix que je n'ai jamais regretté. Je suis entourée de livres, et j'en fais sans cesse la promotion auprès de mes élèves (rencontres d’auteurs, projets, concours…).  

Je suis toujours une grande lectrice ! C'est donc tout naturellement que je me suis mise à écrire. J’ai tout d’abord pris la plume pour le club théâtre du collège. Des pièces destinées à un public adolescent, ancrées dans leur réalité et leurs préoccupations. Sylvine Ploix-Hugé m'a rejointe dans ce club et depuis nous avons mis en place un atelier d'écriture collaborative : les élèves (selon des modalités différentes chaque année) participent activement désormais aux choix des thèmes de la pièce pour l'année suivante, ils en écrivent le plan et quelques scènes. Ils choisissent aussi la bande musicale qui l'accompagnera. Quelques titres : Games, mage et magie ; The Prom ; Zombie ravioli ; On connait la chanson ; L'Affaire Pokémon go... 

Par la suite, j’ai écrit des nouvelles. Mon goût pour l’écriture devenant de plus en plus évident et nécessaire, je me suis lancée, en avril 2014, dans l’écriture de Frontières. Terminé en septembre 2016, il a été accepté par les Éditions Sarah Arcane en juin 2017. 

Le livre est sorti en décembre 2017. Depuis, je participe à des salons du livres pour y exposer Frontières et venir à la rencontre de mes lecteurs. Je suis ainsi allée à Chevrières (60) et à Rethel (08) en mars dernier, à Beauvais (60) en avril, à Chauny (02) au printemps dernier et Soissons (02) au mois d'octobre. J'ai aussi fait des dédicaces dans des librairies et deux rencontres dans des bibliothèques. 

J'ai créé une page Facebook et un compte Instagram pour tenter de faire vivre mon livre auprès de mes lecteurs. J'y partage mes actualités et les avis et commentaires que l'on m'envoie. 

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Vous êtes toutes les deux auteures de romans appartenant au young adult ; ce genre littéraire a très longtemps été très mal considéré par les éditeurs et même par les lecteurs. Quelle est votre position sur ces préjugés qui planent encore aujourd’hui sur la littérature pour adolescents et jeunes adultes ? 

 

Laurence : J’aime les livres, l’objet livre. J’aime les histoires. En tant que documentaliste, un des aspects les plus importants de mon travail vise à faire de mes élèves des lecteurs. Classique, jeunesse, conte, poésie, théâtre, documentaire, je dois me tenir au fait des nouveautés dans tous les genres littéraires et en proposer un large panel à mon public adolescent.  

J'ai vu la littérature young adult se faire une place dans le cœur de mes élèves et donc sur les rayonnages de mon CDI ! La désormais mythique série des Harry Potter y a joué un grand rôle. La particularité de la littérature young adult est qu'elle s'adresse certes aux adolescents, mais elle plaît aussi aux 18-25 ans ! Car elle permet à ce lectorat de se replonger dans un univers qui lui rappelle son enfance, d'autant plus qu'elle propose souvent un univers très imaginatif et reprend les codes qui plaisent : une lecture plaisir, de l'action, de la romance, du suspense, un héros jeune, un univers très imaginatif qui mêle tous les genres : quotidien, thriller, fantastique, fantasy, anticipation, SF. La grande qualité, à mon sens, du young adult, est aussi de répondre aux préoccupations d'un public jeune. Au-delà de la lecture plaisir, on peut y trouver des thématiques comme l'écologie, les progrès scientifiques, les discriminations, l'injustice, le harcèlement… qui font écho chez le lecteur. 

 

Sylvine : Je ne suis pas d’accord avec tous les préjugés la concernant. À mon sens, elle a toute sa place. C’est une littérature passerelle, de transition entre les romans jeunesse et ceux considérés pour « adultes » – qu’est-ce qu’une littérature adulte, d’ailleurs ? –, qui permet de maintenir la lecture entre deux âges, de faire découvrir à certains le goût des livres, d’en « raccrocher » d’autres, en leur proposant des univers très variés. 

La littérature young adult, et ses mondes imaginaires, offrent ainsi plusieurs décors et niveaux d’appréhension qui permettent soit de se divertir tout simplement, soit d’y percevoir les thèmes actuels, profonds et variés abordés. Elle favorise une réflexion généraliste sur l’humanité, sur notre société, et suscite des interrogations, des réflexions et même des analyses de notre quotidien parfois…  Elle est aussi un moyen de ne pas se penser seuls avec ses ressentis, ses questionnements. Pour ceux qui éprouvent des difficultés à communiquer ouvertement sur certains sujets, elle peut même donner quelques réponses à travers les personnages, les intrigues…  

Il me semble toutefois que ces a priori évoluent plutôt positivement.  

 

Êtes-vous vous-mêmes des lectrices de young adult ? Avez-vous des auteurs ou des titres préférés ou qui vous ont marqué plus précisément ? Qui vous inspirent lors de l’écriture de vos œuvres ? 

Sylvine : Je lis de tout en général, depuis toujours, par curiosité, en fonction de mes humeurs. Alors oui, je lis du young adult sans complexe ;-)  

Quelques exemples si vous le souhaitez, sans ordre chronologique de lecture ou de préférence : Saba (Moira Young), Hunger Games, la série Lux, Uglies/Pretties, Délirium, la série Le Cavalier vert, Entre chiens et Loups, Legend, The Mortal Instruments, Roi de pique, Nos étoiles contraires, Harry Potter… J’aime particulièrement Jennifer L. Armentrout et  Kristain Britain.  

Est-ce que je m’en inspire dans mes écrits ? Les lectures d’un genre particulier permettent de s’en approprier les codes, alors, peut-être qu’inconsciemment, elles m’influencent. Mais jamais je ne me dis « je vais faire comme… ». 

Laurence : En tant que documentaliste, le young adult a boosté les emprunts de mes élèves ces dernières années et moi-même je prends plaisir à en lire. 

Les derniers titres qui m'ont marquée : L'aube sera grandiose d'Anne-Laure Bondoux, Les Enfants de Noé de Jean Joubert, Partials de Dan Wells, Entre chiens et loups de Malorie Blackman… 

Je ne m'inspire pas de mes lectures. J'essaie de ne pas reprendre des idées, des intrigues lues chez d'autres écrivains ! Mais mon regard a changé et je me surprends parfois à regarder les procédés d'écriture de l'auteur et je me dis alors : tiens ça c'est cool, c'est bien amené, bien décrit, le découpage de la scène est top…  

Sinon, je suis une grande fan de Pierre Bordage. J'ai tout lu de lui et je les relis encore ! Chez les classiques : Maupassant, Zola et Hugo… Sartre, Camus, Giraudoux... Chez les poètes : Baudelaire et Rimbaud, Prévert, Desnos, Chédid, Ponge... 

 

 

Vous travaillez toutes deux au sein d’un collège, vous côtoyez donc souvent des membres de votre lectorat-cible. Est-ce que vous vous servez de leurs attitudes, remarques ou autres préoccupations pour l’inspiration et l’écriture ? 

 

Laurence : Bien sûr, il m'arrive de noter une remarque, une phrase dite par les élèves. Je les côtoie chaque jour, je connais un peu leur vie, leurs centres d'intérêts, leurs questionnements. Je suis sensible à leur comportement. Ils m’imprègnent forcément. Et il est vrai que depuis que j'écris vraiment, je passe mon temps à noter tout un tas de petites choses sur un carnet que je garde toujours sur moi. On ne sait jamais, ça peut servir !  

 

Sylvine : Oui, les préoccupations, leurs façons d’être (codes de communication, attitudes, réactions…) des adolescents m’inspirent, tout comme l’actualité. 

 

 

Avez-vous des projets littéraires en cours ou pour les années à venir ; si oui, pouvez-vous nous en parler ? 

 

Sylvine : Le tome 3 de Demain dès l’aube est écrit et, je l’espère, devrait sortir fin 2019. Je travaille actuellement sur un huitième roman dans le genre fantastique. Comme je le disais plut tôt, j’aimerais vraiment me plonger un jour dans l’écriture d’un scénario ou d’une adaptation. Espoirs, envies… Je fourmille d’idées. Il me manque juste du temps ! [Symbole] 

 

Laurence : J'ai, depuis Frontières, écrit un deuxième manuscrit. Une romance contemporaine, assez brève, que j'ai envoyée à des éditeurs. Mon éditeur actuel ne propose pas cette entrée dans son catalogue. J'attends donc leurs retours. Mon troisième manuscrit est en cours. Je reviens à mes premières amours : la science-fiction young adult.  

 

 

Vous ne connaissiez pas l'association Génération Écriture et ses combats. Que pensez-vous de ses actions et des jeunes auteurs en puissance qui vivent parmi les communautés internet ? 

 

Laurence : Je découvre depuis peu l'univers des écrivains à travers les salons, les échanges sur le net, les blogs…  

Nous sommes nombreux à prendre la plume, à écrire quelques mots, un journal, de la poésie et parfois un roman. Votre association propose un lieu d'échange, de partage, de découverte, de conseil. Elle est à l'initiative de rencontres, de projets. Elle fait partie de cette trame de bénévoles, d'amateurs et de professionnels indispensable lorsqu'on débute dans cet exercice difficile qu'est l'écriture. J'y ai souvent recours !  

 

Sylvine : Je perçois souvent dans les salons un côté élitiste, voire méprisant, de la part de certains auteurs contemporains, et parfois chez les lecteurs également, au sujet de la littérature young adult, mais également sur celle de l’imaginaire en général… Je le regrette fortement. Beaucoup oublient ou ignorent sans doute que le premier Goncourt, Force Ennemie, de John-Antoine Nau, était un roman de science-fiction…  

Alors s’organiser pour se faire connaître, acquérir de l’expérience et développer ses compétences en communication, dans l’écriture, quel que soit le domaine, est très utile et permettra à chacun de « remplir son CV » pour gagner en crédibilité auprès des maisons d’éditions et d’affirmer son style. C’est une très bonne initiative dans un pays comme la France, en retard – même si certaines formations se développent – dans le domaine de l’apprentissage de l’écriture. Aux États-Unis, on se forme à l’université, et même dès le lycée, à devenir auteur. 

Je trouve que vos projets sont très variés et c’est une vraie richesse. Chacun peut s’y retrouver en fonction de ses goûts ou aspirations. Rien de tel qu’écrire, encore et encore, quel que soit le sujet, pour acquérir des réflexes, de l’expérience et cultiver son imaginaire ! Votre projet scénario/adaptation me plaît bien d’ailleurs… Mais suis-je toujours une « jeune » auteur pour pouvoir prétendre y participer ?! ;-) 

En tout cas, bravo pour l’initiative et l’implication ! 

 

 

Maderose
            Sources :

        

Les oeuvres de Sylvine Ploix-Hugé :

  • My senior year, éditions Chemin vert, mars 2014, roman contemporain, finaliste du prix 2013 « Nos lecteurs ont du talent », sélection du défi lecture « Imagin’à lire » 4e,3e,2nd du bassin d’Epernay. 

  • Demain dès l’aube, 2 tomes, La Colonie et Dissidence, Lansdalls éditions, novembre 2015, dystopie. 

  • Les enfants de l’Ourse, 2 tomes, Les Partisans de l’Astre et L’Ombre de l’hiver : Lansdalls éditions, novembre 2016 et novembre 2017, high fantasy. 

  • Oblivictus, Lansdalls Editions, novembre 2018, roman d’anticipation. 

 

Pour en savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=2DWTLttVFSM 

 

L’œuvre de Laurence Lécluze 

  • Frontières, éditions Sarah Arcane, décembre 2017, dystopie. 

Pour en savoir plus : https://www.facebook.com/Laurence.Lecluze.auteur/

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