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Le young adult est un genre littéraire qui n’échappe pas aux idées reçues, loin de là. Au contraire, tout le monde, et surtout ceux qui ne connaissent pas, se permet de faire de nombreux commentaires sur en quoi consistent ces romans. Parce que c’est de la littérature pour adolescents, c’est dit dans le nom, et cracher sur les jeunes pour une raison ou pour une autre, on aime bien quand même.

 

Sauf qu’après tout, c’est une réaction humaine que d’avoir spontanément des préjugés, alors je vous propose qu’on les décortique ensemble !

Les idées reçues

 

sur le young adult

 

par lyra c.

Le young adult, c’est… de la romance.

La romance, on a l’impression d’en voir partout. En effet, elle constitue le point central de nombreux romans de young adult, ou alors occupe une place importante dans l’histoire. Et parfois, il faut bien avouer que ce n’est franchement pas nécessaire, et que la romance, en plus de ne pas forcément ajouter quelque chose à l’intrigue, au contraire donne l’impression de la plomber, surtout lorsqu’elle s’ajoute à la présence d’un triangle amoureux plus ou moins mal construit. Les romans de young adult qui ont été adaptés ces dernières années, et donc les exemples d’œuvres les plus célèbres pour ceux qui ne connaissent pas forcément le genre, possèdent presque tous une intrigue amoureuse plus ou moins développée (comme par exemple Twilight, de Stephenie Meyer, ou Nos étoiles contraires, de John Green), ce qui ajoute à cette impression. De plus, je pense que la romance constitue sûrement un des questionnements importants de l’âge adolescent, ce qui explique sa présence dans de nombreuses fictions YA.

Sauf que le young adult, ce n’est pas que de la romance. Même lorsque c’est abordé de façon assez importante, ce n’est pas forcément le thème principal mais un des différents thèmes abordés. Dans Hunger Games, de Suzanne Collins, pour rester dans les exemples les plus connus, il y a une intrigue amoureuse qui occupe une place importante dans l’histoire (et même un triangle amoureux), sauf qu’elle est reliée à l’intrigue principale de l’histoire, qu’on va appeler l’intrigue politique. Katniss, l’héroïne de l’histoire, s’en passerait bien de cette romance qui ajoute quand même plein de problèmes à sa vie déjà pas toute rose. Mais elle est obligée de faire semblant d’être folle amoureuse de Peeta, sans quoi son action à la fin du tome un passera pour un acte de rébellion contre le régime en place et non comme un acte de désespoir sentimental.

Je pense qu’il faut retenir que le YA, ce n’est pas limité à la romance, même si on en trouve dans de nombreuses œuvres. D’autres types de relations sont également abordés, comme par exemple les relations amicales. Et, si vous recherchez du YA sans histoire d’amour du tout, il y a Me and Earl and the Dying Girl, écrit par Jesse Andrews (j’ai uniquement vu l’adaptation cinématographique, dont le titre « français » est d’ailleurs This is not a love story, et… c’est vrai. C’est une histoire d’amitié et c’est très bien comme ça.)

 

Le young adult, c’est… de la SFFF.

En effet, si on demande à n’importe qui de nous citer des romans de young adult, il va probablement nous parler de Harry Potter (si on considère que c’est une œuvre à mi-chemin entre la jeunesse et le YA, étant donné que le protagoniste est adolescent dans les derniers tomes), de Twilight, de Hunger Games, de The Mortal Instruments… parce que ce sont des sagas et qu’elles ont bénéficié d’adaptations cinématographiques. Forcément, lorsqu’on parle de littérature adolescente, de nombreuses personnes ont donc tendance à penser directement à la littérature de l’imaginaire, surtout que certaines librairies font le choix de mettre les romans young adult SFFF dans leur rayon science-fiction ou fantasy plutôt que dans leur rayon adolescent. Certains se servent de la lecture comme d’une échappatoire, et la fuite paraît souvent plus complète si on s’en va dans un autre monde, ou dans une réalité qui ne ressemble pas complètement à la nôtre. On pense à des épopées héroïques ou moins héroïques, comme celles qu’on a pu voir en littérature ou au cinéma par le passé, mais avec des adolescents dans les rôles principaux.

Cependant, il n’y a rien qui prédestine la littérature YA à écrire uniquement des romans SFFF. En effet, le genre young adult est plein d’œuvres de fictions qui se déroulent dans notre monde, sans magie ou n’importe quelle autre particularité qui puissent les faire sortir d’une dimension purement contemporaine. Certaines ont même eu beaucoup de succès, comme les romans de John Green (Nos étoiles contraires, Qui est-tu Alaska ?…). On y trouve également ceux de Rainbow Rowell (Eleanor & Park, Fangirl), ou Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers, de Benjamin Alire Sáenz. Même si c’est beaucoup plus courant en ce qui concerne la science-fiction ou la fantasy, il existe aussi des sagas de YA contemporaines (Journal d’une Princesse, de Meg Cabot). Il existe aussi, mais moins célèbre, Si loin de toi, de Tess Sharpe, qui je trouve est un exemple intéressant car il mélange plusieurs genres, le policier, le drame et la romance.

 

Le young adult, c’est… toujours la même chose.

Ce point rejoint un peu les deux idées reçues précédentes, mais en plus général. Certains pensent que le YA, c’est toujours la même chose, ce que je trouve réducteur. Ce serait comme dire que la littérature considérée comme adulte, toute la littérature de tous styles différents visant un public adulte, est toujours pareille. Le young adult, ce n’est en soit pas un genre littéraire à proprement parler, mais plutôt une tranche d’âge du public visé pour la lecture. Le young adult, ça peut être du contemporain, de la science-fiction, de la fantasy, des romans d’action, d’amour… en fait, n’importe quel genre littéraire, comme pour la littérature adulte ou jeunesse, sauf que les personnages principaux, ceux dont on a le point de vue la plupart du temps, sont des adolescents ou des jeunes adultes.

Cependant, à chaque fois qu’un roman (ou une série de romans) a obtenu un très grand succès, toute une suite de romans sur le même thème a été éditée, ce qui est un choix logique de la part des maisons d’édition, et qui, du coup, peut donner l’impression que les romans racontent toujours le même genre d’histoire. Sauf qu’en réalité, il s’agit tout simplement des ouvrages qui sont davantage mis en avant dans les librairies, parce que ce sont ceux qui, on suppose, vont se vendre le plus. Il y a ainsi eu plusieurs vagues dans la littérature young adult. Tout d’abord, une vague qui a suivi Harry Potter, qui a fait comprendre aux éditeurs qu’ils pouvaient trouver des lecteurs parmi les adolescents. Puis une vague qui a suivi Twilight, et a donné naissance à de nombreuses histoires avec des vampires. Enfin, il y a eu la vague Hunger Games, qui a donné du succès aux dystopies et aux romans post-apocalyptique de young adult. Sauf que cela ne veut pas dire que d’autres romans sur des thèmes différents que ceux populaires sur le moment ne continuent pas d’être publiés ! La saga La Passe-Miroir, de Christelle Dabos, change des univers qu’on a l’habitude de voir en fantasy (je dirais que c’est du steampunk), et les personnages eux-mêmes, en plus d’être intéressants, ont des particularités assez innovantes par rapport à ce qu’on trouve en fantasy.

 

Le young adult… ce n’est que pour les enfants.

Oh là là, tu lis du YA alors que tu es un adulte ? Mais quelle catastrophe, tu n’as pas honte ? Il existe tellement de livres de tous genres et de tous mouvements littéraires dans le monde (et c’est quelque chose de si incroyable) que l’on devrait tout de même avoir le droit de lire ce qu’on veut. Pourtant, d’après certaines personnes, c’est honteux de lire de la littérature adolescente ou jeunesse lorsque l’on est un adulte. Le young adult, avant même d’être un genre, c’est avant tout une tranche d’âge, le public visé. Mais on a tout à fait le droit de lire quelque chose même si on ne fait pas partie du public visé. Les étiquettes concernant le public visé existent tout simplement dans le but de toucher plus de lecteurs, lorsqu’il s’agit des éditeurs, et, en ce qui concerne les lecteurs, de lire des romans qui ont des chances de leur plaire. C’est comme pour les messages tels que : « si vous avez aimé tel livre, vous aimerez probablement celui-ci ». Vous pouvez apprécier un des romans et pas l’autre, tout comme vous pouvez aimer les romans YA en étant adulte, ou au contraire ne pas apprécier alors que vous êtes un adolescent. De plus, d’après une étude réalisée en 2012 par Publishers Weekly, 55% des acheteurs de romans young adult sont des adultes.

Le young adult, en plus d’avoir des adolescents pour personnages principaux, est supposé parler de thématiques qui intéresseront en premier lieu les adolescents. J’ai déjà parlé de la romance et de l’amitié, mais nous avons aussi la quête d’identité, l’acceptation de soi, etc. Cependant, le YA peut aussi parler de thèmes qui ne concernent pas uniquement les adolescents. Dans la série norvégienne SKAM (c’est donc une série télévisée, mais je trouve que cet exemple illustre bien mon propos et s’il s’agissait d’un roman, nul doute qu’il aurait été rangé dans le rayon young adult, car il raconte la vie quotidienne d’un groupe de lycéens) (et le script est sorti en format livre en Norvège), on parle des points abordés ci-dessus, mais également de thématiques plus universelles, qui peuvent intéresser un public de tout âge, comme le féminisme, l’homosexualité, la religion

 

Le young adult… ce n’est pas sérieux, ça ne fait pas réfléchir.

Ah, celle-là, je l’ai beaucoup entendue, et je trouve encore une fois que c’est assez injuste, puisque ça dépend des livres. Tout d’abord, chaque personne ne lit pas pour les mêmes raisons. Certains lisent pour se divertir, d’autres pour réfléchir, d’autres pour les deux en même temps, et ces deux raisons sont toute aussi valables l’une que l’autre. Pour les livres, c’est pareil. Certains servent à se divertir, d’autres traitent de sujets sérieux et d’autres font les deux en même temps. Eh bien, ce n’est pas uniquement le cas de la littérature adulte, mais aussi de la littérature adolescente, et également dans la littérature jeunesse (je pense à À la Croisée des Mondes, de Philip Pullman, ou à Le Passeur, de Lois Lowry). Juste parce le public visé par ce genre littéraire est les adolescents ne veut pas dire qu’aucun roman YA ne fait réfléchir. Les adolescents sont des êtres capables de réflexion (oui, je sais, ça a l’air incroyable).

Il existe de nombreux romans de young adult qui traitent de thèmes sérieux, comme par exemple The Hate U Give, de Angie Thomas, qui parle du racisme, Uglies, de Scott Westerfeld, une dystopie contre les critères des idéaux de beauté, Dans le désordre, de Marion Brunet, et je vous renvoie à l’article de Kallisto si vous désirez des exemples un peu plus détaillés. Dans certains romans, on traite de ces thèmes importants même si ce n’est pas forcément le point le plus important du roman, mais je trouve qu’il est tout aussi pertinent d’aborder ces thématiques en arrière-plan. Par exemple, Si loin de toi n’est pas un roman engagé, ce n’est pas son objectif premier. Ce qui n’empêche pas l’auteur de parler de bisexualité, d’addiction et de rétablissement après un grave accident.

 

Le young adult, c’est… toujours le même type de personnage.

Je ne suis pas certaine que ça soit une idée reçue propre au young adult, mais vous avez probablement (même obligatoirement) lu un de ces livres où il est entièrement impossible de s’attacher ou de trouver les personnages crédibles, soit parce qu’ils n’ont pas la moindre personnalité et sont « moyen » dans tous les domaines, soit au contraire parce qu’ils sont trop parfaits dans tous les domaines (les Mary-Sue et autres Gary-Stu). Le YA n’est pas un genre qui est exempt de ces phénomènes. On y trouve également les personnages qui sont caractérisés uniquement par leur rôle dans l’histoire, sans réellement avoir de personnalité (comme le rôle du « bad boy », par exemple).

Cependant, certains auteurs de young adult font de nombreux efforts pour introduire de la diversité dans leurs romans, pour que tout le monde puisse s’y reconnaître et s’identifier aux personnages. C’est par exemple le cas de Rick Riordan, auteurs de plusieurs sagas, inspirées de la mythologie grecque pour Percy Jackson et les Héros de l’Olympe, de la mythologie égyptienne pour les Chroniques de Kane, et de la mythologie nordique pour Magnus Chase. Je trouve qu’il essaie de mettre de plus en plus de diversité au fur et à mesure qu’il publie de nouveaux livres, et ce n’est pas simplement pour remplir un quota ou se faire bien voir, ils ont tous une véritable personnalité et une histoire. Il y a des personnages de toutes couleurs de peau, de toutes orientations sexuelles, des personnages musulmans, un personnage sourd, et les demi-dieux (qui constituent la plupart des personnages principaux) sont presque tous dyslexiques. Tout le monde peut s’y retrouver.

 

Pour conclure, le young adult… c’est nul. (Ou pas.)

Je ne suis pas certaine qu’on puisse considérer cela comme une idée reçue, mais je voulais finir là-dessus car c’est tout de même quelque chose qui revient souvent. Ce sont des romans pour adolescents, alors c’est forcément mauvais. Oui, il y a des romans mauvais. Ce qui est la même chose que pour tous les genres littéraires. Mais si vous connaissez un roman de YA et que ce roman est mauvais, cela ne suffit pas pour décréter que le genre tout entier est mauvais. Il y a du bon, du moins bon, du très bon et du très mauvais.

J’espère que j’aurai réussi à vous montrer que le young adult, ce n’est pas tout le temps la même chose, et que la lecture peut s’en avérer intéressante. À la revoyure !

Lyra c.
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