

Holiday in the wild
pourquoi j'ai grincé des dents,
par Matt'
Je savais à peu près dans quel genre de film je m'engageais en ouvrant Holiday in the wild sur Netflix. Mais j'avais besoin d'un peu de détente, et puisque le film prenait la Zambie pour toile de fond, avec mon intérêt pour l'Afrique, j'ai lancé le film sans grande conviction. Évidemment, je me doutais que j'y trouverais mille choses à redire.
Holiday in the wild, pour résumer rapidement, c'est l'histoire d'une quadragénaire new-yorkaise, Kate, qui programme une seconde lune de miel en Zambie avec son mari. Mais la veille du départ, et alors qu'elle lui faisait la surprise, il lui annonce qu'il met fin à leur relation et souhaite divorcer. Qu'à cela ne tienne, Kate décide donc de partir seule, même si cela implique de laisser son fils. Arrivée en Zambie, elle rencontre un quadragénaire séduisant, qui vit sur place et s'occupe de sauver les éléphanteaux orphelins suite à l'assassinat de leurs mères par les braconniers. Quelle chance, Kate est vétérinaire et se passionne immédiatement pour le sort des éléphants. Elle choisit donc d'abandonner son banal projet de safari pour consacrer ses vacances au soin des éléphants, dans un refuge au milieu de la savane, en compagnie du charmant Derek – c'est son nom. Bien sûr, pas besoin d'être devin pour comprendre la suite – de toute façon, il suffit de regarder le trailer pour saisir le dénouement, et encore – une belle romance naît.
Alors, je sais, vous allez me dire : « Mais si tu savais déjà que ça n'allait pas te plaire avant de regarder, pourquoi tu viens critiquer ce film qui n'a rien demandé ? ». Et vous n'auriez pas tout à fait tort. Oui, je savais où je mettais les pieds en cliquant sur « play ». Alors pourquoi venir déverser ma lassitude ici ? Eh bien d'abord, parce que ce film m'a confortée dans ma résolution d'arrêter de m'infliger de la souffrance inutile – à quoi bon regarder des trucs dont on sait qu'ils ne nous plairont pas ? Mais surtout, parce qu'il est assez symptomatique et montre plein de points intéressants (si si).
Tout d'abord, JE N'EN PEUX PLUS DES ROMANCES CLICHÉES ET NIAISES, voilà c'est dit. Je sais, JE SAIS, de 1) je n'avais qu'à pas regarder, de 2) on m'a pas sonnée. Ok, okay. Mais je n'ai jamais dit que je n'aimais PAS les romances. En fait, je crois même que je peux dire que j'aime bien. J'en ai juste assez de retrouver toujours les mêmes ingrédients, toujours les mêmes schémas, toujours les mêmes orientations sexuelles. Un quadragénaire blanc célibataire (pardon, veuf, ça change tout), une quadragénaire blanche qui vient de se faire larguer par son mari. J'ai l'impression d'avoir vu ça un million de fois... Attendez, est-ce que c'est une impression ? Alors certes, ce genre de schéma peut arriver et d'ailleurs, je n'y trouverais rien à redire si c'était pas TOUJOURS celui-ci mis en avant. Deux hommes, deux femmes qui tombent amoureux... Deux hommes noirs, Deux femmes arabes... Ouh là, attendez, je crois que je vais faire exploser la matrice hollywoodienne. Bon. Admettons, les romances hétérosexuelles entre blancs, ça existe aussi – le problème, c'est, encore une fois, qu'on ne voit QUE ça ou presque et qu'à la longue, bah c'est fatiguant. Et à celles et ceux qui me répliqueraient que le film est américain : ça fait bien longtemps que cette excuse n'est plus recevable (et puis, il me semble qu'il n'y a pas que des blancs hétérosexuels qui vivent aux États-Unis, sauf erreur de ma part). D'ailleurs, la majeure partie de l'intrigue se déroule en Zambie... Qu'à cela ne tienne, la quasi-totalité des personnages sont des blancs américains. Tiens donc.
Ce point m'amène au suivant, des personnages stéréotypés et peu réalistes. Je suis désolée, mais le bel homme de quarante ans, veuf, engagé pour la cause animale, qui sait piloter un avion, sauver et soigner les éléphants, qui peint pendant son temps libre… En gros, ne cherchez pas, il sait tout faire... BON. C'est chouette, mais j'ai l'impression d'avoir un concentré de toutes les qualités et les passe-temps sexy. Bien sûr, il existe quelques aventuriers stylés, mais là, c'est vraiment gros... et agaçant. Pareil pour Kate, qui certes vient de se faire larguer et rebondit avec classe, mais dont on découvre qu'elle est vétérinaire. Elle s'accommode très vite de la vie sur place et au soin des éléphants alors que, rappelons-le, elle vivait à New-York (si ma mémoire est bonne) et n'exerçait plus le métier de vétérinaire depuis des années. Mais s'occuper d'un éléphant lui paraît aussi naturel que de se lever le matin, apparemment. Tout cela crée des personnages lisses et clichés, qui m'ont personnellement gâché le plaisir.
Enfin, en tant que passionnée de l'Histoire de l'Afrique au sens large, j'en ai assez de voir ce continent uniquement par le prisme occidental. Alors ok, là encore, le film est américain, il est donc assez logique que le point de vue soit occidental. Mais la vision offerte par le film est manichéenne, simpliste et naïve. Ici, c'est de la Zambie dont il est question. Le film ne nous montre que les beaux paysages, les grands animaux menacés par les méchants braconniers. Certes, il s'agit d'une part infime de la réalité du pays... mais c'est un peu dommage, quand la majeure partie de l'histoire se déroule en Zambie, de n'en montrer que ça. Car il ne s'agit en aucun cas de la réalité de la vie sur place telle qu'elle est vécue par les Zambiens. On peut par exemple rappeler brièvement que la Zambie figure parmi les pays considérés comme les plus pauvres de la planète, ou encore que l'économie principale du pays est l'exploitation des mines de cuivre et de cobalt. Bien entendu, tout n'est certainement pas négatif dans la vie quotidienne des habitants. Ce qui me pose problème n'est pas tant de mettre en avant une partie des richesses du pays, sa nature et ses animaux, emblématiques de l'Afrique. Non, le problème, c'est que ce film s'inscrit dans une lignée d'autres films qui offrent toujours le même regard sur les pays africains en les réduisant uniquement à leur potentiel touristique. Or, on sait bien que ce point de vue-là exclut d'office tous les habitants sur place et ne se concentre QUE les Occidentaux – ce qui, pour un film qui se déroule en Zambie, est légèrement, hmmh, frappant ?
Globalement, j'ai donc trouvé ce film fade et décevant. Il me semble révélateur d'un manque d'imagination et de renouvellement global, qu'il s'agisse des romances ou de la représentation d'un pays d'Afrique. J'ai d'ailleurs eu l'impression de voir un remake de Out of Africa, dont j'ai un souvenir mitigé. Sauf que Out of Africa date de 1985 et qu'il semblerait qu'environ 35 ans après, on ne soit toujours pas capable de sortir d'une vision stéréotypée des pays africains. Dommage, donc.
Et vous, qu'est-ce que vous en avez pensé ?
