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Gagnants des catégories Scène

Meilleur baiser

Auteur : MilkshakeCerise

Titre : 2033

« Le Nettoyeur affermit sa prise pour le faire taire. Ils se dévisagent en silence, laissant le crépitement des néons le meubler à leur place. Il ignore combien de temps s’écoule avant qu’Alex se risque à placer une main sur le bras artificiel qui le maintient au sol. Une main qu’il ne repousse pas.

 

« Tu me livreras pas, Radley. Et je te tuerai pas. On le sait tous les deux. Qu’est-ce qu’on fait, du coup ? »

 

Les yeux d’Alex oscillent entre les siens. Radley n’arrive pas à les rendre aussi hostiles qu’il le voudrait.

 

« Reviens » s’entend-il dire, mais sa voix est moins qu’un murmure.

 

La main remonte lentement son bras pour caresser son visage malmené par les ans. Sous lui, le regard vert abandonne toute fausse animosité pour se remplir de douceur. Radley en détourne le sien. Il ne mérite pas qu’on le regarde ainsi.

 

« Je peux pas faire ça. Ils m’ont trahi, Radley. Avec le temps ils finiront par te trahir aussi. »

 

Il tourne la tête dans une direction aléatoire pour repousser la main. Alex doit comprendre, car il l’abaisse à contrecœur. Cet échange a déjà trop souvent eu lieu.

 

« Tu vaux mieux que ça » murmure Alex avec une affection surprenante.

 

C’est faux. Ils le savent tous les deux.

 

« Prends les escaliers et attends que je te fasse signe, dit-il malgré tout. La tour devrait bientôt se vider. »

 

Il jette un œil derrière eux pour s’assurer de leur solitude. La seconde d’après, Alex lance ses bras autour de son cou pour écraser sa bouche contre la sienne.

Leurs lèvres se rencontrent juste avant qu’ils retombent au sol. Radley émet un son confus. Une chose inextirpable, enracinée en lui, lui hurle de le repousser. Une autre lui intime de ne pas le faire.

Il lui rend le baiser, pressant son corps de chair et d’acier contre le sien. Le souffle d’Alex empeste la bile. Ses doigts, moites de sang, viennent danser entre ses cheveux poivre et sel, les abandonnant parfois pour caresser sa nuque. Avec autant de délicatesse que ce dont il sait faire preuve, Radley entoure son visage de ses mains. Ses lèvres encore mouillées de pluie glisseraient agréablement contre les siennes si Alex ne s’obstinait pas à vouloir ouvrir la bouche. Radley retient un soupir, l’esprit voguant vers des temps plus simples à défaut d’être meilleurs. Alex n’a jamais su s’y prendre.

Ils s’arrêtent aussi confusément qu’ils ont commencé, pantelants, front contre front. Leur silence s’étend davantage. Du pouce, Radley caresse une joue où la pluie se mêle au sang. Il sait ce qui doit arriver ensuite.

 

« Frappe pas trop fort »

Meilleure scène d'action

Auteur : Mio

Titre : Viva Las Vegas

« White mit ce contretemps à profit pour glisser par-dessus le capot du sien et s'engouffra du côté conducteur. Il se baissa, presque couché sur le volant, tandis que les tirs de l'autre éclataient le pare-brise arrière dans une série de « bang » assourdissants. Andrew se redressa dans une sorte de sursaut paniqué, mais White lui écrasa la tête contre le tableau de bord.

 

— Reste ! Baissé !

 

Quelque chose siffla aux oreilles du soldat et la vitre devant lui s'étoila de deux impacts alors qu'il tournait la clé de contact et démarrait dans un crissement de pneus. Le tireur courut après eux sur quelques mètres avant de se rappeler qu'il avait une voiture, lui aussi. La Mercedes beige, enfin réveillée, le contournait déjà pour s'élancer à la poursuite de leur cible.

Après avoir repéré ses poursuivants dans le rétroviseur, White prit quelques secondes pour vérifier l'état de son protégé.

 

— Andrew ! ANDREW ! Des blessures ? l'interrogea-t-il brusquement.

— N... Non... Je crois pas..., bégaya le gamin, complètement à côté de la plaque.

— Bien ! Reste baissé, et accroche-toi !

— White, le Strip ! hurla soudain Andrew, comme réveillé, avant que le garde du corps le force sans ménagement à se ratatiner de nouveau sur son siège.

 

L'ex-soldat savait bien qu'ils avaient un problème. Le Las Vegas Boulevard, ou Strip comme l'avait dit Andrew, se dessinait devant eux au bout de l'allée, bien perpendiculaire à leur trajectoire actuelle, et leurs attaquants ne le laisseraient pas descendre au-dessous de ses 93 kilomètres heure actuels pour s'insérer dans le flux. Il se concentra sur les voitures qui passaient à l'horizon, lança une prière muette et écrasa l'accélérateur. Andrew sentit la prise de vitesse et releva instinctivement la tête, pour le regretter aussitôt.

 

— Whiiite ! s'époumona-t-il en voyant trois voitures sur sa gauche leur foncer droit dessus.

 

Leur véhicule émit un long crissement de pneus alors qu'il dérapait le long de l'asphalte pour se mettre dans le sens de la circulation. L'une des voitures réussit à les contourner de justesse dans une embardée désespérée tandis que l'autre s'écrasait contre sa voisine en tentant de les éviter aussi. Dans un concert de klaxons et de bruit de tôle, White tenta de reprendre le contrôle du véhicule, mais ce dernier était emporté par son élan. Il jeta un coup d'œil rapide à leurs poursuivants qui les talonnaient, puis aux quatre voies devant lui, encombrées de feux arrière à l'heure du rush.

 

— Et merde ! Accroche-toi ! lança-t-il à son protégé qui ne faisait que ça, puis il enfonça à nouveau l'accélérateur.

— Quoi, pourquoi, non, tu fais quoi ?! Non !

 

Les roues de la voiture mordirent sur le terre-plein central. L'escalade la ralentit un moment, mais lorsqu'elle eut franchi l'obstacle, le moteur rugit et elle fut propulsée sur l'autre partie du Strip comme un bouchon de champagne. L'atterrissage de ce court vol plané fut rude, autant pour les amortisseurs que pour les deux passagers. »

Meilleur rêve

Auteur : Lu'

Titre : La Cité des Sang-Purs

« Elle ne voyait pas grand-chose. Tout autour d’elle semblait dévoré par les ténèbres. Elle baissa les yeux. Ses pieds étaient si engloutis par la brume rampant au sol qu’elle ne les voyait pas. Un curieux sentiment lui tordait les entrailles, elle s’en sentait presque malade. Elle sut immédiatement que la situation n’était pas normale, elle ne pouvait l’être. Mais son cerveau semblait aussi troublé que le sol, et plusieurs minutes semblèrent s’écouler avant qu’elle prenne la décision de bouger. Elle ne pouvait rester là. Elle avança au hasard vers une direction. Elle ne voyait rien d’autre que le brouillard rampant et l’obscurité opaque de ce qui semblait être la nuit, mais peut-être atteindrait-elle un bâtiment, une forêt, quelque chose. Son ventre se tordit soudain douloureusement, tant qu’elle chuta. Elle avait eu l’impression d’être poignardée. Elle porta la main à son ventre avant de la lever vers ses yeux. Aucune trace de sang. Non, il s’était passé autre chose. Mais quoi ? Ses pensées étaient prises dans un étau confus, nébuleux.

Alors, soudain, alors que la douleur explosait également dans sa boîte crânienne, elle le sentit. Le danger. Son don venait de se réveiller. Son cœur accéléra si violemment qu’elle poussa un gémissement. Elle avait entrainé son don pour sentir d’où venait la menace, mais là, elle la sentait partout, jusqu’au plus profond de son être. Et, pour la première fois depuis longtemps, l’angoisse l’étreignit avec brutalité. Ça n’allait pas, ça n’allait pas du tout !

Senia se força à se remettre debout. La souffrance coupait chacun de ses souffles, mais elle se mit à courir. Il fallait qu’elle avance, il fallait qu’elle trouve la menace et l’éradique. La peur la prit à la gorge, lui coupant la respiration. Elle tomba une nouvelle fois à terre, incapable de continuer. C’est alors que l’horizon se découvrit légèrement. Un lit à baldaquin se tenait là, au milieu de rien, une silhouette paisiblement allongée dessus. Miodanscelle. Miodanscelle était couchée là. Et à côté de son lit… Une forme difforme, une vapeur épaisse et sombre. Quelque chose de mauvais. Ce qui ressemblait à un tentacule se détacha de la chose et s’éleva au-dessus de la jeune noble. Senia sentit plus qu’elle ne vit que le tentacule tenait un poignard. Non. NON !

 

Senia se réveilla en sursaut, le dos trempé de sueur. »

Meilleur pétage de câble

Auteur : Tiphs

Titre : Le Bruit de la pluie

« Je me sens tellement humiliée que j'ai envie de pleurer et de m'enfuir en courant. Mon corps se met à vibrer sous la puissance des sentiments négatifs qui m’assaillent. Une vive douleur me vrille le crâne, et je porte les mains à mes tempes pour en atténuer l'intensité.

La migraine arrive souvent quand je m'énerve, mais là, elle dépasse de loin tout ce que j'ai connu jusqu'à présent. Je suis au-delà de la colère : je suis furieuse à en vomir.

Je ne m'enfuirai pas. Je ne leur donnerai pas raison.

 

Mais, putain. Pourquoi encore et toujours ces jugements faciles ? Pourquoi les caprices d'un gamin prévaudraient sur le bien-être physique d'une personne ? Pourquoi sur le mien ? Parce que je suis jeune, et donc forcément en bonne santé ? En aurait-on fait autant avec une personne âgée, plâtrée ou ostensiblement diminuée ? Non. Alors pourquoi ?

Pourquoi on ne peut pas juste me laisser tranquille ?

Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

 

Ma tête va éclater.

Une vague de chaleur remonte depuis mes entrailles, envahit mes épaules et ruisselle jusqu'à la pulpe de mes doigts, hérissant les poils de mes bras et incendiant mes veines sur son passage. Des milliards d'impulsions électriques parcourent ma peau ; j'ai l'impression qu'elle se craquèle sous la tension.

Tout devient flou autour de moi. Les lumières et les formes se mélangent, les contours se troublent, les gens disparaissent. Je n'entends plus qu'un grondement de tonnerre, très loin de la musique de fond de la pharmacie et des pleurs du petit Ethan.

La vague enfle, se transforme en tsunami, envoie tout valser.

Je me sens perdre le contrôle.

 

Puis je la libère.

Toute cette rancœur accumulée depuis des semaines. Toute cette rancune, cette frustration, cette rage qui m’étouffe de plus en plus fort.

Tout ce que j'ai refoulé si profondément se retrouve propulsé hors de mon corps à la vitesse de la lumière. Ma détresse m'échappe. Je la sens émaner de mon crâne sous pression, jaillir de mes doigts engourdis pour heurter de plein fouet toutes les personnes présentes dans la pharmacie dans une onde de choc invisible.

 

Le premier à tomber est cet homme odieux. Ses yeux s'écarquillent et il bascule lentement, comme au ralenti, avant de s'écraser au sol sans un cri.

La seconde est ma voisine de devant. Elle devient toute raide, et je vois ses yeux se révulser tandis qu'elle se met à tituber vers la chaise laissée vacante et s'y laisse tomber en se tenant les genoux.

Le dernier est Ethan. Si je ne l'entendais plus jusqu'alors, la force de ses cris me ramène à la réalité avec la force d'une gifle, et je l'observe hurler de douleur en montrant ses petites mains à sa mère.

Ses mains aux doigts crispés, rouges et gonflés.

 

Je fais un pas en arrière, horrifiée. Je suis de retour dans mon corps et dans ma tête et ce que je vois ne me plait pas du tout.

Mon dieu, que s’est-il passé ?

Qu’est-ce que j’ai fait ? »

Scène la plus angoissante

ex-æquo

Auteur : Morphyne

Titre : Catatonia

« Il colla deux doigts contre son front et les élança vers elle, parodiant un salut militaire, puis sortit calmement du café, les mains dans les poches. Alors que la porte se refermait, un seau d’eau froide se déversa dans la poitrine de Roxane, saisissant ses poumons et enserrant son cœur. La peur lui donna envie de vomir. Tu as vu tes parents, ce matin ? Non, elle ne les avait pas vus. Une hypothèse terrifiante commençait à se dessiner dans son esprit, une hypothèse qui lui faisait perdre tout contrôle d’elle-même. Elle se leva brusquement, balança quelques pièces sur la table sans même regarder le compte et se rua dehors. Donovan avait déjà disparu. Bien sûr. Elle avait de plus en plus peur, elle avait du mal à respirer. Il fallait qu’elle retrouve ses esprits, ce n’était peut-être pas trop tard. En cet instant, elle misait tout sur le peut-être.

Elle fonça vers la maison. Son sac frappait ses cuisses à chaque pas. Son cœur cognait contre sa poitrine à une vitesse folle. Mettons que ta famille ne soit plus là… La peur et l’adrénaline lui donnaient des ailes. Elle courait si vite qu’elle avait l’impression de voler, ses pieds ne touchaient presque plus le sol. Si elle allait assez vite, elle pourrait peut-être arriver avant lui. Même s’il avait une voiture, elle pourrait l’interrompre avant qu’il ne commette l’irréparable. Tu as vu tes parents, ce matin ? Sa mère devait s’autoriser l’une de ses quelques rares grasses matinées. Son père avait pris sa matinée. Il n’y avait pas d’autre explication possible.

Le portail était fermé, exactement comme elle l’avait laissé en partant. La voiture de son père était toujours dans l’allée, la porte d’entrée toujours close. Rien n’avait changé. Rien n’avait bougé. Roxane appuya sur la poignée et le battant pivota immédiatement sur ses gonds sans opposer la moindre résistance. Merde, elle avait oublié de fermer à clé en partant… À moins que ce ne soit un de ses parents ? Non, c’était impossible, elle était partie moins d’une heure auparavant. Elle avança de quelques pas, la respiration haletante. Elle s’arrêta au milieu du couloir et tourna lentement la tête vers la cuisine. Personne. La pièce était vide. Les bols de ses frères étaient encore sur la table, attendant qu’une âme charitable veuille bien les mettre dans l’évier. Tout était normal. Enfin, tout aurait été normal, une heure plus tôt. À presque dix heures, si sa mère décidait de prolonger sa grasse matinée, son père aurait au moins dû lire son journal devant son café, dans son pyjama bleu. Elle n’eut même pas besoin de regarder dans le salon : le calme qui s’en échappait lui disait tout. »

ex-æquo

Auteur : Aerinalys

Titre : Les Veilleurs

« Un cri ?

J'ouvris les yeux dans un sursaut et les laissai errer dans la pièce. Ma chambre était plongée dans l'obscurité, seule la vague clarté d'un lampadaire filtrait à travers les fentes du volet roulant, zébrant les murs de petits rectangles dorés. Je tendis l'oreille, attendis une minute. Deux. Trois. Rien...

Pourtant, j'avais bien entendu quelque chose. Un cri étrange, rauque. Pas un cri humain. Un animal ? Non. Je n'avais jamais entendu un animal faire un bruit pareil. C'était comme un long sifflement guttural, trainant et inquiétant. Je m'assis dans mon lit, l'esprit encore embrumé de sommeil et allumai la lampe de chevet. Aussitôt, une lumière orangée se dispersa dans ma chambre. Je parcourus la pièce d'un regard somnolent, passant d'une chose à l'autre. Mon réveil indiquait deux heures. Tout était exactement à sa place et rien ne me parut suspect.

Le cri, de nouveau. Je sursautai et au même instant, un chien hurla à la mort. Au loin, d'autres lui répondirent...

Mon cœur se mit à battre plus vite. Que se passait-il ?

Je repoussai vivement ma couette et me levai d'un bond. Dehors, les chiens aboyaient toujours.

Je me dirigeai vers la fenêtre, ouvris un peu plus le volet et jetai un coup d'œil à l'extérieur. A première vue, il n'y avait rien à signaler. Les rues étaient désertes à cette heure et seules une ou deux lumières brillaient parmi les rangées d'immeubles en face.

Je regardai partout. Lentement...

Et tout à coup, au coin d'une rue, je vis un attroupement d'étranges silhouettes. »

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