

les démarches pour
S'AUTOÉDITER
par Ielenna
En venir à s’auto-éditer est loin d’être un choix anodin. De multiples raisons peuvent nous y mener (voir article de Tiphs), mais l’auteur qui s’engage dans ce processus doit également être conscient de tout ce que cela implique, en termes de démarches, de frais, et surtout d’investissement !
Cet article ne se veut pas complètement exhaustif et ne remplace pas l’entièreté des démarches d’un éditeur traditionnel, car chaque parcours dépend grandement du projet, mais voici quelques étapes indispensables pour mener à bien sa publication auto-éditée.
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Estimer le public touché
Quand on s’auto-édite, c’est votre « renommée » en premier lieu, et non pas la qualité de votre plume, qui va prévaloir pour faire fonctionner les premières ventes. Inutile donc d’imprimer 300 exemplaires si vous n’écrivez rien sur internet et que vos seules ventes seront représentées par papa, maman, mamie et grand-tante Raymonde. Ne pas interpréter un nombre internet basé sur des hits (clics sur des chapitres) ; si votre blog est vu 200 fois par jour, cela ne signifie pas forcément qu’il y a 200 personnes prêtes à miser sur votre livre qui n’a peut-être pas de rapport avec le contenu internet que vous leur proposez habituellement.
Si vous n’avez aucun repère, le mieux est donc de démarrer progressivement. Imprimer 50 exemplaires pour un premier tirage ne signifie pas que vous ne pourrez pas réimprimer par la suite. Mieux vaut surtout ne pas laisser de cartons remplis de livres prendre la poussière et constater alors que l’on a des frais inutiles par manque de ventes.
2. Monter un budget
Cool ! À partir de votre chiffre, vous allez pouvoir monter un joli budget. Qui comprendra bien sûr les frais d’impression, mais également les envois postaux (eh ouais, la poste n’est pas encore gratuite et elle ne fournit pas non plus les cartons, le scotch, etc !), les frais de correction, l’illustration, de maquette aussi éventuellement si vous ne vous sentez pas de la faire seul (conseil : si vous sentez que vous n’avez pas les compétences, mieux vaut-il déléguer à quelqu’un plutôt que de tenter le coup et de se louper, car ça ne pardonne pas !). Ça sera votre période « devis » : demander des estimations de prix tous azimuts pour choisir vos prestataires selon vos envies et selon les frais à débourser pour leurs services.
Et là, vous vous rendrez compte que baaaah… fatalement, la somme commence à devenir de plus en plus conséquente. Pour du bon boulot, pour 100 exemplaires d’un livre de 400 pages, il faut bien compter 1000€ (400€ d’impression + 300€ d’envois + 300€ pour une belle couverture, donc là, j’ai pas compté ni correcteur, ni maquettiste, ni déplacements en salons etc.).
À vous de choisir si vous vous sentez prêt à financer ça seul ou si vous préférez passer par des alternatives comme le crowdfunding ou les préventes (voir article).

3. Protéger et déposer votre livre
C’est bon, votre histoire est prête, il n’y a plus rien à retoucher ! C’est parfait, vous allez pouvoir commencer à toucher aux joies de l’administration littéraire. Il convient dans un premier temps de protéger votre histoire contre les potentiels plagiats. Le mythe de l’enveloppe à s’envoyer à soi-même avec le cachet de la poste faisant foi est à bannir : elle n’a AUCUNE valeur juridique en cas de litige. Ça vaut aussi pour l’e-mail à soi-même.
De même, certains diront « l’enveloppe Soleau, c’est pratique aussi ! », dans le principe tout à fait (le principe était d’envoyer un concept, des idées, à l’INPI), tout ça pour 15€, mais dans la pratique… votre enveloppe ne peut contenir que 7 pages. Alors à moins que votre livre fasse 7 pages ! À moins que vous ne souhaitiez déposer votre synopsis, pourquoi pas.
La méthode la plus sûre, mais la plus onéreuse, reste le dépôt chez un huissier ou chez un notaire. Ça vous coûtera entre 100 et 200€.
Vous pouvez également déposer votre livre auprès de la Société des Gens de Lettres (SGDL), soit en dépôt papier pour 45€ et pour 4 ans, soit en numérique pour 10€ par an pendant 10 ans.
Enfin, sinon, vous pouvez effectuer un dépôt Copyright pour 12€, sans limite de temps. Une solution rapide et économique.
N’oubliez pas que tout changement de texte altère la valeur du dépôt et qu’il faut à ce moment-là le redéposer, avec les frais qui s’y appliquent. À faire donc quand vous êtes certain de ne plus toucher à votre livre.
4. Le numéro ISBN
C’est la carte d’identité de votre bouquin, ce qui permet de le référencer et de créer ce joli petit code-barres qui figurera sur votre quatrième de couverture. Il suffit pour cela de se rendre sur le site de l’AFNIL et de remplir un formulaire ; c’est gratuit ! #TeamRats
Par la suite, le numéro devra également apparaître sur le verso de la page de titre de votre livre. N’hésitez pas à prendre exemple sur des livres de votre bibliothèque pour vous inspirer de leurs techniques.
Et pour créer un code-barres, fastoche, il existe des générateurs pour ça.
5. Le dépôt légal
Il s’effectue auprès de la BnF, et permet de « constituer une collection de référence consultable dans les salles de la Bibliothèque de recherche ». On dépose 1 exemplaire et puis voilà. Encore une fois, la #TeamRats sera ravie d’apprendre que c’est gratuit. (la présidente de la #TeamRats me chuchote à l’oreillette qu’il vous faudra quand même payer les frais postaux).
6. Choisir sa structure juridique
Quand on vend des livres, il y a des gains d’argents. Et qui dit bénéfices dit imposition (ils sont partout ceux-là…). Alors, évidemment, si vous vendez 10 livres sans les déclarer, le risque n’est pas bien grand, mais mieux vaut-il réaliser son activité littéraire en toute légalité pour dormir sur ses deux oreilles. Plusieurs choix s’offrent à vous, surtout deux :
L’association
Fonder son association loi 1901, c’est simple comme bonjour et ça ne demande que le prix de parution dans le Journal Officiel (44€). L’avantage : vous n’êtes pas fiscalisé, vous ne devrez rien à l’État (sauf si très très gros chiffre d’affaires !). L’inconvénient : vous ne gagnez rien en termes de droit d’auteur. Rien. Nada. Niet. Zéro. Vous devrez également trouver des personnes pour vous aider à manœuvrer le navire, car l’association demande au moins la coopération de deux personnes (un président et un trésorier, auprès desquels la présence d’un secrétaire reste souhaitable). Le seul moyen de gagner de l’argent sous statut associatif est d’être employé par l’association, de ce fait, vous ne faites pas partie du bureau, donc certaines décisions peuvent s’effectuer sans vous, vu que vous ne serez pas le chef.
De même, l’association se doit de présenter un but non lucratif et d’accueillir des membres, avec une portée bénévole et des actions concrètes.
L’auto-entreprise
Créer son entreprise, aujourd’hui, ça se fait en deux clics (site). C’est simple, facile et les démarches sont simplifiées. Vous faites des bénéfices et chaque mois (ou chaque trimestre), vous le rentrez sur le site (ou par courrier papier), qui vous communiquera alors le montant à payer à l’URSSAF. L’avantage, c’est que si vous gagnez 0€ sur un mois, vous ne leur paierez alors rien.
Votre bénéfice annuel en BIC (donc vente commerciale) ne doit pas dépasser 81 000€, sinon, vous devrez passer sous un régime d’entreprise traditionnelle. Vous avez un peu de marge…. !
Mais de même, n’oubliez pas que ce que vous gagnez de cette activité est imposable selon l’impôt sur le revenu et s’ajoute sur vos revenus annexes (votre activité professionnelle principale si vous en avez une). Ah bah oui, ils ne manquent jamais une occasion… Par contre, vous n’êtes pas assujetti à la TVA !
Quelle que soit la situation, vous devrez alors créer un logo, décider d’une désignation nominative, monter une comptabilité, etc.

7. La distribution
Ça y est, votre livre est sorti, il est beau, il est mirifique ! En plus, vous avez fait ça de manière légale, vous avez pris soin de protéger et déposer votre roman, c’est merveilleux. Super, mais les ventes, ça ne se fait pas tout seul ! Il va falloir démarcher les acteurs de la vente du livre et faire fonctionner votre réseau !
L’internet est aujourd’hui un atout indéniable pour les auteurs, surtout avec le développement des réseaux de bloggeurs, de booktubeurs etc., qui en plus de vous proposer un retour et des chroniques publiques, attirent un public de lecteurs parfois conséquent, et spécifiquement visé selon les goûts du bloggeur/booktubeur. N’hésitez pas à aller à la rencontre de ces personnes en leur proposant de leur offrir un exemplaire presse (gratuitement donc) pour qu’ils le découvrent et en fasse une chronique de blog ou vidéo. Par contre, cela ne garantit pas forcément que leurs retours soient positifs !
Vous pouvez également aller démarcher les libraires pour présenter votre livre et, si la personne est intéressée, lui laisser des livres en dépôt-vente : vous lui laissez des livres sans rien lui facturer et, selon le nombre de livres vendus, il vous paie selon le pourcentage négocié à la base. Les invendus vous sont rendus. Cette méthode reste, selon moi, plus pratique que la commande traditionnelle, où le libraire paie les livres et où vous devez également lui rembourser les invendus. Et plus on limite le nombre de transactions, mieux c’est ! (vous verrez quand vous tiendrez votre compta’ !) (d’autant plus que les libraires préfèrent ce système pour l’auto-édition).
Et même si ce n’est pas forcément pour qu’il vende votre livre, vous pouvez également demander aux libraires s’ils sont éventuellement ouverts à des séances de dédicaces dans leur établissement : cette méthode permet d’attirer des acheteurs pour les deux partis.

Pour les grands distributeurs, comme la FNAC ou autre, vous pouvez toujours essayer de vous présenter avec votre livre, mais souvent, cela ne dépend pas de la décision du petit vendeur de rayon. C’est assez improbable qu’ils acceptent de vous vendre et s’ils le font, ça sera seulement dans cette boutique et pas dans les FNAC de la France entière. Par contre, ils pourront vous référencer sur leur site internet, et ça, ce n’est pas négligeable !
À faire aussi sur Chapitre.com (site).
Il est encore assez complexe d’inscrire son livre sur les réseaux de recherches, comme Electre (site) ou autre, car ne sont pas ouverts aux livres auto-édités. Il existe cependant le FEL (site), qui vous ajoute gratuitement dans une base de données principalement employée par les libraires.
Si vous n’avez pas peur d’être interviewé et/ou de l’image que vous renvoyez, un petit tour du côté des médias traditionnels peut être un plus : journaux locaux, radios, TV, etc.
Mais le mieux reste de vous rendre directement à la rencontre de vos lecteurs : vous rendre dans les salons pour dédicacer est une expérience riche en émotions. À vous de sélectionner les salons plus ou moins proches de chez vous qui vous permettraient de faire quelques ventes et de consolider votre lectorat.
Quelques astuces en vrac
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Publier les deux premiers chapitres sur une plateforme internet pour donner un avant-goût aux lecteurs,
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Créer l’événement autour de votre livre (concours, rendez-vous, etc.),
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Viser votre public : cela ne sert à rien d’aller clamer l’existence de votre livre fantasy sur un forum de littérature blanche,
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Ne pas se montrer trop insistant auprès des bloggeurs ou booktubeurs : personne n’a à leur imposer leur lecture. Ils ont déjà une PAL bien remplie, alors leur décision sera vite vue si vous vous montrez agressif !
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Votre auto-édition ne doit pas devenir une excuse. Si votre livre contient trop de fautes, il vous suffisait d’embaucher un correcteur, votre statut d’auto-édité ne vous pardonne pas tout et n’enlève pas le gage de qualité que vous devez à vos lecteurs.
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Il vous faut garder tous les devis et les factures que l’on vous donnera pour votre comptabilité. Le mieux reste de les imprimer pour les ranger dans un trieur/une pochette/un porte-documents.
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N’hésitez pas à faire appel à des bêta-lecteurs pour qu’ils puissent vous donner leur avis sur votre livre et sur le projet.
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Un site internet apporte un grand plus à votre projet et vous permettra d’y baser une communauté, en permettant des échanges entre vous et vos lecteurs, voire entre lecteurs.
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Le choix de l’illustration de votre roman est capital. Aussi, il est indispensable de chercher quel artiste saura le mieux reproduire l’ambiance de votre livre. Mais vous devez garder à l’esprit qu’une couverture n’est pas gratuite et ne vous appartient pas (selon contrat que vous aurez convenu avec l’illustrateur concernant la cession des droits).
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J’espère que cet article ne vous aura pas dégoûté de l’auto-édition, ça serait dommage : l’auto-édition est une sacrée aventure qui a le mérite de vous prouver que, si, vous pouvez accomplir de belles choses par vous-même (et avec un petit coup de pouce). Mais l’autonomie dans ce genre de projet ne doit pas vous laisser penser que tout sera aisé ; pour offrir le meilleur à vos lecteurs, vous devrez vous y investir. Mais plus vous y mettrez du cœur et de la passion, plus vos lecteurs le ressentiront. Et ça, c’est primordial !
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