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Thomas : Bonjour Cindy. Merci d’avoir accepté de répondre à mes quelques questions.
Cindy : Hello Thomas, c’est avec grand plaisir !
T : Pour ma part, je prends aujourd’hui de plus en plus de plaisir à découvrir des romans historiques en tous genres et je m’aperçois assez rapidement que le roman historique… est parfois bien plus que ça.
Ta première fiction historique, c’est le premier tome des Outrepasseurs. Peux-tu nous en parler un peu ; dans quel contexte historique se place-t-il ?
C : Effectivement, le premier tome des Outrepasseurs comporte une double intrigue, dont l’une se passe au début du XIIIe siècle, dans ce qui est aujourd’hui l’Île-de-France. On va suivre une villeneuve fictive, s’appelant Maupertuis, et son groupe de villageois qui va devoir faire face à une étrange malédiction…
T : Par ailleurs, ton histoire s’est-elle imposée d’elle-même dans le contexte historique ou t’a-t-il fallu chercher scrupuleusement celle qui te convenait le mieux ? Qu’est-ce qui t’a poussée à choisir ce contexte précis et pas un autre ?
Interview de Cindy Van Wilder, autrice de roman historique,
par Thomas Lebescond
C : En fait, le contexte du début du XIIIe siècle s’est imposé de lui-même car il faut savoir qu’une des fondations des Outrepasseurs est Le Roman de Renart. Je ne pouvais donc pas transposer cette intrigue par exemple à la cour du Roi-Soleil ou au temps des Mérovingiens, ça n’aurait eu aucun sens ! De plus, le fait de situer l’intrigue dans le contexte d’un village me semblait un très joli clin d’œil au contexte du Roman de Renart.
T : Dans ton cas, notamment, tu fais un joli mélange historique et imaginaire. Quelles sont, pour toi, les complications et les difficultés à mélanger ces deux genres ?
C : Alors, d’abord, il y a bien entendu la logique interne de l’intrigue en elle-même – et tout.e écrivain.e sait à quel point cela peut être difficile à établir et à respecter ! Naturellement, les contraintes historiques jouent un rôle immense. Par exemple, à un moment, mes villageois ont maille à partir avec les autorités religieuses – je ne pouvais donc pas placer n’importe qui à cette époque, pas plus que de les faire agir seulement selon mon bon vouloir !
Heureusement, c’est vrai que faire intervenir l’imaginaire permet un assouplissement du cadre strict historique. Mais là encore, il faut aussi respecter une certaine logique interne, ce qui ne va pas toujours de soi.
T : J’ai d’ailleurs appris de source sûre (ton blog !) que tu avais une nouvelle fiction historique à venir. Le cheminement (les premières recherches, l’installation du contexte, l’écriture…) est-il le même, ou travailles-tu différemment avec celui-ci ?
C : Oui, effectivement, j’ai eu la folie – heureuse ou pas… Nous verrons bien ! – de me réembarquer dans un récit historico-fantastique. Et en fait, j’ai tiré pas mal de leçons de mon écriture des Outrepasseurs, qui était en plus mon premier « vrai » roman, si je puis dire. Donc, ici, j’ai essayé de procéder de manière méthodique en épluchant les sources dispos, en me rendant sur place, bref en faisant un immense travail préparatoire en amont ! D’ailleurs, il est loin d’être terminé…
T : J’imagine que les recherches doivent être nombreuses pour arriver à placer un contexte et un décor cohérent. Où trouves-tu tes sources principales ? T’autorises-tu parfois quelques écarts avec la réalité historique en fonction de ton histoire ?
C : Alors, en fait, je vais devoir jongler avec une réalité historique terriblement précise. Sans vouloir préciser de quoi il s’agit – ceci, je le garde pour le moment pour moi ! – je reprends une série d’événements hyper connus et je vais naturellement y ajouter ma pointe fantastique. Il va falloir donc faire un travail très précis de maillage, d’insertion de la réalité historique (ce que nous en connaissons, du moins) et d’avancement de mon intrigue. Oui, je vais m’autoriser quelques écarts d’avec l’histoire officielle, mais jamais de manière à dénaturer celle-ci.
T : Et pour finir, quels seraient tes conseils pour quelqu’un qui débute une fiction historique ? Comment faire les bonnes recherches et comment intégrer parfaitement une histoire dans un contexte qu’on ne connaît pas toujours sur le bout des doigts ?
C : Je dirais d’abord de commencer par se renseigner de manière générale sur l’époque, le lieu, etc. Obtenir un aperçu global avant de plonger dans les détails. On peut vite se perdre de cette manière ! De plus, il ne faut jamais oublier que l’histoire est un continuum, qu’il est utile de savoir ce qui précède et ce qui suit. Ensuite, quand on commence à fouiller de manière plus précise, il faut savoir dire stop. Car, en moyenne, on ne met que 20-25 % de ses recherches historiques dans l’intrigue. C’est très bien de se documenter, mais en gardant en tête qu’on écrit de la fiction, pas une encyclopédie !
Et enfin, je conseillerais aussi (dans la mesure du possible) de varier les sources de documentation. Pas toujours le même média ou le même auteur. La diversité des sources, des points de vue peut offrir une richesse insoupçonnée !
T : Merci beaucoup Cindy pour tes réponses.
Thomas Lebescond
